Bientôt le Boeing 747-400: l'aventure recommence
Dans quelques semaines sortira d'usine le premier quadriréacteur Boeing 747-400 Longer Range qui entrera en service à la fin de l'année. La lointaine compagnie australienne Qantas figure en bonne place parmi les premiers acheteurs, ce qui est d'autant moins étonnant que le dernier-né de Seattle est capable de franchir 14.000 km sans escale, à la vitesse de croisière de 917 km/h
- Publié le 20-04-2002 à 00h00
ÉCLAIRAGE
Dans quelques semaines sortira d'usine le premier quadriréacteur Boeing 747-400 Longer Range qui entrera en service à la fin de l'année. La lointaine compagnie australienne Qantas figure en bonne place parmi les premiers acheteurs, ce qui est d'autant moins étonnant que le dernier-né de Seattle est capable de franchir 14.000 km sans escale, à la vitesse de croisière de 917 km/h.
Il s'agit donc d'un `vrai´ long-courrier, dans l'acception nouvelle du terme. Jadis, en effet, tout appareil capable de franchir sans escale environ 5.000 km bénéficiait de ce label. Aujourd'hui, il s'agit plutôt d'aller aux antipodes.
Nouveau développement d'une longue lignée, ce 747 à 416 places affiche une masse maximale au décollage de près de 418 tonnes. Il devrait être suivi sous peu par le 747-400 QLR, appellation à première vue ésotérique qui signifie tout simplement Quiet Longer Range. Cette variante ira encore plus loin (près de 15.000 km) et, surtout, son niveau sonore sera nettement abaissé grâce à des nacelles de moteurs mieux insonorisées et divers raffinements aérodynamiques, les turboréacteurs de nouvelle génération étant eux-mêmes moins bruyants.
Replacés dans leur contexte, ces nouveaux épisodes de la carrière du 747 sont révélateurs de la durée de vie exceptionnelle d'un programme aéronautique réussi. En effet, le gros avion de Boeing a fait sa première apparition à l'automne 1968 et est entré en service dans les premiers jours de 1970, dans la livrée de Pan American World Airways. La simple allusion à cet événement ravive nombre de souvenirs `historiques´ dans la mesure où l'arrivée du jumbo jet a accéléré la démocratisation des transports aériens.
Par ailleurs, compte tenu de la durée de vie opérationnelle de l'ordre de 30 ans d'un avion de ligne, on sait qu'un 747 livré aujourd'hui restera en service jusqu'en 2030. C'est-à-dire soixante ans après la sortie d'usine du prototype! Mieux, la lignée étant loin d'être tarie, il est plausible que l'ultime 747 soit retiré du service vers 2050.
SUR LES TERRES D'AIRBUS
À ce jour, Boeing a vendu très exactement 1.354 jumbo jets dans une succession de versions qui ont considérablement évolué au fil des années. La cadence de production a connu divers hauts et bas en fonction des incidents conjoncturels de tous ordres qui ont rythmé trois décennies d'aviation commerciale. Ainsi, selon les époques, de deux à sept 747 quittent chaque mois l'immense usine d'Everett, dans l'Etat de Washington, la cadence actuelle correspondant à un point bas.
Au-delà du `QLR´, Boeing entrevoit de jouer les prolongations en faisant évoluer davantage son navire amiral. Ainsi, sous l'appellation générique 747X, il est toujours question d'un modèle à fuselage allongé dont la capacité serait portée à 520 places. Ce qui permettrait à l'avionneur américain de chasser sur les terres du gros Airbus A 380 dont les livraisons commenceront en 2006.
Paradoxalement, les dirigeants de Boeing croient modérément aux mérites de tels paquebots de l'air, estimant que les voyageurs au long cours apprécient avant tout la multiplication de lignes directes, lesquelles justifient rarement l'exploitation d'appareils de très grande capacité. Airbus, a contrario, justifie l'A 380 à travers la croissance du trafic, l'engorgement croissant des aéroports et celui de l'espace aérien.
Chacun sait que chacune des deux thèses a ses mérites. Boeing, pour sa part, dispose d'un point de départ solide, le 747 se prêtant à de nouveaux développements moyennant un investissement initial sans commune mesure avec celui exigé par un appareil entièrement nouveau. De plus, quels que soient les rebondissements concurrentiels à venir, le 747 est d'ores et déjà assuré de conserver une place unique dans le panthéon de l'aéronautique civile. Son antériorité fait foi.
© La Libre Belgique 2002