Toute une année pour fêter Gaudi
Un site consacré à l'architecture a interrogé les internautes pour choisir le plus grand architecte de l'histoire. Le gagnant fut Antoni Gaudi, accompagné par Alvar Aalto, Le Corbusier, Frank Lloyd Wright et Mies Van der Rohe. Excusez du peu
- Publié le 09-04-2002 à 00h00
Un site consacré à l'architecture a interrogé les internautes pour choisir le plus grand architecte de l'histoire. Le gagnant fut Antoni Gaudi, accompagné par Alvar Aalto, Le Corbusier, Frank Lloyd Wright et Mies Van der Rohe. Excusez du peu.
Etonnant parcours pour ce Catalan, né il y a juste 150 ans et mort en 1926, écrasé par un tram. Il arriva à Barcelone à l'âge de 17 ans et y vécut toute sa vie. Il fut méconnu jusque dans les années 50 lorsqu'il devint petit à petit une célébrité mondiale. Même si Le Corbusier visitant Barcelone en 1928, deux ans après la mort du père du `modernisme´, s'était déjà dit subjugué par l'auteur de la Sagradia Familia. Et si le peintre Miro en parlait déjà comme `du premier de tous les génies´.
On croit tout connaître de Gaudi. Sa folle cathédrale, la `Sagradia familia´, toujours en construction, 110 ans après les débuts des travaux! Décidée pour chanter Dieu face au `libéralisme rationaliste ambiant´. Un chef-d'oeuvre absolu, parti du gothique pour culminer dans d'extraordinaires formes végétales et dans des audaces inouïes excluant radicalement toute ligne droite. On connaît aussi le parc Güell, cette ancienne cité jardin voulue par Eugueni Güell, un homme d'affaires mécène qui voulait y bâtir une cité modèle avec 60 parcelles. Mais le projet échoua et, en 1932, la ville acquit l'ensemble pour en faire ce parc célèbre, avec les grottes imaginées par le maître et ce dragon de céramique qui est devenu le symbole même de Barcelone. Il y a aussi les maisons magnifiques: la casa Battlo, la casa Mila, le Palau Güell. On pourrait continuer cette énumération de merveilles archi-connues. Mais Antoni Gaudi est davantage que ces images d'Epinal. C'est toute l'ambition de cette année Gaudi de les faire découvrir aux amateurs et touristes de passage comme l'a expliqué mardi à Bruxelles, le commissaire général de cette rétrospective.
Tout au long de l'année, des oeuvres de Gaudi très rarement ouvertes peuvent être visitées: comme l'intérieur de la splendide Casa Battlo connue pour sa façade faite de courbes folles. Comme le très beau collège des Térésiens (une oeuvre précoce trop peu connue), ou la Casa Calvet ou l'église de la Colonia Güell à 20 km de la ville et qui vaut plus qu'un détour car elle fut le théâtre de ses expérimentations avant la `Sagrada Familia´.
Quasi toute l'oeuvre de Gaudi se trouve à Barcelone, même s'il avait étudié très attentivement un projet de tour- hôtel à New York, qui aurait été le plus haut de l'époque, mais la commande ne se concrétisa jamais.
PAS UN RÊVEUR
L'année Gaudi permettra de vérifier que l'architecte était tout sauf un rêveur. Il était bien sûr profondément impliqué dans l'art nouveau, le Modern Style, le Jugendstil. Il avait intégré les styles gothiques, renaissance comme mauresque. Et il inventait ces formes sensuelles avec une très grande rigueur, une extrême rationalité. Les oeuvres si innovantes qu'il imaginait n'étaient nullement le fruit du hasard, mais étaient le résultat d'études et de maquettes très réfléchies. On peut encore découvrir les essais réalisés pour la `Sagrada Familia´. Il réalisait des maquettes à l'envers, en les lestant par des sacs de petits plombs pour déterminer les lignes de force. Une fois les formes acquises, il retournait la maquette. Il inventait, ou retrouvait, quantité de techniques sophistiquées. Une très intéressante expo `Gaudi: exploring form´ permet de mieux comprendre les travaux du grand maître.
Antoni Gaudi était aussi un artiste complet. Il s'occupait de tous les aspects de ses bâtiments: décorations, mosaïques, vitraux, mobilier, l'art déco pour un architecte vraiment global. Une autre expo, avantageusement située dans la Casa Mila (la Pedrera) est consacrée à `Gaudi, Art and design´. Contrairement à quelques idées reçues, Gaudi n'était pas un solitaire illuminé. Il pouvait compter sur des mécènes comme Güell (une expo relate les liens entre les deux hommes), mais aussi sur d'autres architectes comme Jujol, qui lui apporta tout le poids de la couleur si important chez Gaudi. Ou des poètes, comme Jacint Verdaguer, un prêtre, dont certains poèmes ont directement inspiré les compositions de Gaudi.
Une troisième grande expo, `Gaudi's Universe´, au centre de culture contemporaine, est consacré à tous les artistes qui ont influencé l'architecte ou qu'il a lui-même influencés. Au total, il y aura quelque 50 expositions qui ne sont, certes, pas toutes ouvertes au même moment, mais que vous pourrez admirer quelle que soit la date de votre voyage. Le premier juin, aura même lieu une grande fête Gaudi dans toute la ville. Des occasions multiples de redécouvrir ce très grand artiste.
L'année Gaudi. Renseignements dans les offices de tourisme et agence de voyages et surtout sur le site www.gaudi2002.bcn.es
© La Libre Belgique 2002