Les taliban encore un peu plus isolés

P. D.-D.
Les taliban encore un peu plus isolés

Bush appelle les Afghans à renverser le régime de Kaboul

WASHINGTON Le président des Etats-Unis, George W. Bush, a poursuivi sa guerre psychologique en invitant mardi les Afghans à se soulever contre les taliban, laissant ainsi entendre que Washington pourrait privilégier l'opposition intérieure afghane pour renverser le régime de Kaboul et mettre la main sur Oussama ben Laden plutôt que le recours direct à la force.
Une hypothèse qui n'est pas pour autant écartée, loin de là. La Grande-Bretagne, plus fidèle alliée des Etats-Unis, est montée au créneau mardi. `Il y aura une intervention militaire à moins que les taliban ne changent et se plient à l'ultimatum qui leur a été présenté aussi clairement´, a assuré le Premier ministre Tony Blair, imputant la responsabilité d'une telle intervention au régime de Kaboul, qui refuse de livrer le `principal suspect´ dans les attentats du 11 septembre. `Nous avons certainement le pouvoir de causer des dommages très considérables au régime´ des taliban.
Londres avait donné le ton dès lundi. Les taliban `doivent être à peu près le régime le plus odieux du monde´, avait affirmé le ministre aux Affaires européennes Peter Hain. Le porte-parole de Tony Blair ajoutait dans la foulée que l'opération militaire en préparation `pourrait conduire au renversement du gouvernement des taliban´.
Mais les Etats-Unis et la Grande-Bretagne marchent sur des oeufs. Leur volonté de donner un sérieux coup de pouce à l'opposition afghane afin de renverser le régime des taliban est diversement appréciée. Le ministre pakistanais des Affaires étrangères Abdul Sattar a ainsi mis en garde contre tout soutien étranger aux factions afghanes regroupées au sein de l'Alliance du Nord. `Nous redoutons qu'une décision de la part d'une quelconque puissance étrangère de fournir de l'assistance à une partie ou à une autre soit la recette de grandes souffrances pour le peuple d'Afghanistan´, a mis en garde Abdul Sattar.
Cette aide aurait cependant déjà débuté. Des SAS (Special Air Service) et des membres du MI 6, les services de renseignements britanniques, seraient déjà dans le nord de l'Afghanistan où ils travaillent de concert avec les forces de l'Alliance du Nord, selon la presse britannique. Le quotidien The Times assurait dans son édition de lundi que les premiers mouvements de forces britanniques incluant des SAS vers une base d'Asie centrale, sans doute en Ouzbékistan, pourraient débuter dès cette semaine.
Pas de quoi, apparemment, inquiéter le régime de Kaboul, qui répétait dimanche avoir perdu la trace de ben Laden. Le mollah Omar est même passé à la contre-attaque en déclarant que le `peuple américain doit savoir que les tristes événements survenus récemment sont le résultat des mauvaises politiques de leur gouvernement´, estimant que ces attentats s'inscrivaient dans le cadre d'une revanche, si l'on en croit une agence de presse pakistanaise. Les taliban ont, du reste, mobilisé 300.000 combattants pour faire face à d'éventuelles opérations militaires sur leur territoire.
La perspective de telles représailles est en tout cas accueillie avec confiance par l'opinion publique américaine: 92% des Américains en approuvent l'idée, selon un sondage du New York Times, même s'ils s'attendent à de lourdes pertes parmi les soldats américains, au-delà de 5.000 morts, pour 27%.
Mais cette mobilisation internationale laisse toujours méfiants les pays arabes qui redoutent que le phénomène du terrorisme n'empêche de traiter les racines du mal, qu'ils estiment être dans l'absence de règlement du conflit avec Israël.

P.D.-D.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...