Les cheminots partent en grève avant le coup de sifflet syndical
Alors que le front commun a déposé un préavis de grève du 24 au 28 mars, de nombreuses actions risquent de perturber le trafic dès ce vendredi matin dans le sud du pays
- Publié le 14-03-2002 à 00h00
NICOLE BURETTE
A l'heure où vous lisez ces lignes, le trafic ferroviaire est probablement déjà largement perturbé, du moins dans le sud du pays. En effet, jeudi soir, selon les porte-parole des syndicats cheminots, José Damilot (CGSP) et Dominique Dalne (CSC-Transcom), les contacts noués durant la journée de jeudi avec leurs troupes laissaient augurer que la situation risquait de se dégrader dans la soirée. L'un comme l'autre semblaient convaincus que, dès jeudi soir, des actions spontanées allaient se déclencher ci et là. Plus précisément, les conducteurs des dépôts de Tournai, Ath, Mons allaient débrayer dès 22h. Avec des risques d'éclaboussures beaucoup plus importants, ajoutait José Damilot. Celui-ci expliquait en effet hier soir que le tam-tam fonctionnait à plein. Dominique Dalne, pour sa part, n'excluait pas qu 'aucun train ne parte de Wallonie ce vendredi matin.
Les raisons du mécontentement? Si celles invoquées au cours des dernières semaines par les ténors syndicaux semblent parfois un peu abstraites (menaces sur l'unicité de l'entreprise, libéralisation européenne, endettement de la société, exclusion du conseil d'administration...), c'est l'inquiétude qui prévaut parmi la base. Détonateur du jour : le personnel comprend mal l'autosatisfaction générale exprimée par le monde politique (selon M.Damilot), après le oui de la Flandre aux investissements, alors que son quotidien ne cesse de se dégrader et qu'une insécurité grandissante plane sur son avenir. Ainsi, le terme de régionalisation déguisée du rail cité par le ministre-Président flamand Patrick Dewael, à l'issue de ce vote. Ainsi, la convention collective qui devait être négociée en décembre et qui n'est toujours pas à l'ordre du jour. Ainsi la fragilisation créée par les appels à candidatures lancés dans plusieurs gares, invitant les conducteurs à rallier B-Cargo (transport de marchandises) avec promesse de salaire plus élevé. Ainsi, la décision récente de la direction, pour digérer l'indexation des salaires (12 millions d'euros), de stopper l'engagement de conducteurs. Alors que ceux-ci dénoncent depuis des mois leur dangereuse surcharge (l'accident survenu mercredi à Marbehan, et qui serait dû à l'assoupissement du machiniste, en serait une illustration). Trois cents engagements programmés en 2002 auraient été sacrifiés, pour l'essentiel en Wallonie.
Bref, la sérénité est loin d'être de mise. Indépendamment de ces mouvements spontanés-que, manifestement, les délégations syndicales mettaient peu d'empressement à vouloir contrôler -des initiatives officielles sont programmées. Un préavis de grève de 24h en front commun, du 24 au 28 mars, devrait se concrétiser immédiatement en cas de vote de la loi de réforme de la SNCB (en principe, à l'agenda du sénat jeudi). Et un meeting rassemblant 1000 personnes est programmé à Bruxelles, mercredi. Le premier jour du printemps, jeudi prochain, pourrait être particulièrement chaud.
© La Libre Belgique 2001