Microsoft veut jouer contre Sony
En tournée en Europe, Steve Ballmer a un agenda digne d'un chef d'état. Avec Gerhard Schroder au CeBIT de Hanovre mardi soir, en Pologne mercredi, le numéro un de Microsoft était de passage à Bruxelles ce jeudi. Entre deux réunions et avant de prendre hier soir l'avion pour le Danemark, il en a profité pour participer au lancement européen de la Xbox, la première console de jeux du géant américain du logiciel
- Publié le 13-03-2002 à 00h00
En tournée en Europe, Steve Ballmer a un agenda digne d'un chef d'état. Avec Gerhard Schroder au CeBIT de Hanovre mardi soir, en Pologne mercredi, le numéro un de Microsoft était de passage à Bruxelles ce jeudi. Entre deux réunions et avant de prendre hier soir l'avion pour le Danemark, il en a profité pour participer au lancement européen de la Xbox, la première console de jeux du géant américain du logiciel.
`On me demande souvent pourquoi nous avons pris la décision bizarre de nous lancer dans ce secteur´, explique Steve Ballmer, d'un ton toujours très déterminé. `Personnellement, quand des jeunes types sont venus me voir en me disant qu'ils voulaient utiliser la puissance de Windows pour construire une console de jeux, je me suis dit à l'époque qu'ils étaient fous. Mais ils ont insisté et comme Bill Gates trouvait aussi que c'était une bonne idée, on leur a donné le feu vert en août 1999´.
APRÈS L'AMÉRIQUE ET LE JAPON
Moins de trois ans plus tard, l'Europe est le dernier des trois grands marchés du jeu vidéo à découvrir la Xbox. Microsoft l'a lancé en fanfare aux Etats-Unis en novembre dernier et un peu plus tard au Japon. `Le lancement américain a été phénoménal puisque nous y avons déjà vendu 1,5 million de Xbox et surtout, les gens adorent les jeux. La meilleure preuve est que la moyenne de jeux achetés en même temps que l'appareil est de 3,5, ce qui est bien plus que la concurrence´ explique Steve Ballmer, qui n'hésite pas à affirmer que la Xbox a d'ores et déjà un `impact culturel´ outre-Atlantique.
`Nous avons également connu un assez bon début au Japon, même s'il s'agit clairement du marché le plus difficile dans la mesure où Sony et Nintendo sont japonais´, poursuit-il. `Les goûts en matière de jeux sont aussi assez différents aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Pour l'instant, notre catalogue s'oriente plutôt vers les deux premiers´.
Steve Ballmer a évidemment compris que la meilleure arme pour tenter de grappiller des parts de marché à la PlayStation de Sony ne réside pas dans la technologie mais dans la qualité et surtout la quantité des jeux proposés. `Il s'agit de notre priorité numéro un´, dit-il. `120 sociétés travaillent actuellement sur des jeux Xbox´. Pour Microsoft, c'est aussi la vente de jeux qui rendra le projet Xbox rentable dans la mesure où le boîtier lui-même serait vendu à un prix inférieur à son prix de revient.
Constitué d'une vingtaine de titres aujourd'hui, le catalogue Xbox doit s'étoffer de quarante nouveaux logiciels d'ici juin. D'ici là, Microsoft espère qu'il aura vendu entre 4,5 et 6 millions de consoles à travers le monde.
LE WEB DANS PLUS D'UN AN
A noter par ailleurs que si la Xbox est dotée d'un processeur de 733 Mégahertz, d'un disque dur de 8 gigas et d'une possibilité de connexion `large bande´ au Web, ni Steve Ballmer ni les responsables de Microsoft Belgique n'ont choisi aujourd'hui de mettre l'accent sur la technologie. Seule la `gaming experience´ importe, répondent-ils en choeur.
Entre les lignes du discours de Steve Ballmer, on devine pourtant d'autres intentions. `Cela fait des années que nous sommes à la recherche d'un appareil qui fera son apparition à côté des postes de télévision dans les foyers et qui permettra à ceux-ci de se connecter facilement à l'Internet´, explique-t-il. La Xbox pourrait être cet appareil mais ce ne sera pas pour tout de suite. La véritable connexion de la console Microsoft au Web n'est en effet prévue qu'à partir de l'été 2003. `Et encore, ce sera surtout pour jouer en ligne´, dit-on du côté de la filiale belge, en précisant que la sortie d'un clavier compatible Xbox par exemple n'est pas à l'ordre du jour.
© La Libre Belgique 2002
Guerre déclarée Avec la Xbox et la GameCube, Microsoft et Nintendo ont décidé de s'attaquer à la forteresse Sony, dont les PlayStation 1 et 2 ont tout balayé sur leur passage ces dernières années. Bill Gates doit certainement rêver de refaire le coup de Sony. En 1995, le géant japonais est parti de zéro pour balayer Nintendo et Sega, alors les deux leaders du marché, et vendre plus de 50 millions de ses consoles première génération. Mieux encore, au printemps 2000, il a remis le couvert en lançant la PlayStation 2 qui, depuis lors, s'est écoulée à plus de 25 millions d'exemplaires. A côté de ça, les 1,5 million de Xbox vendues depuis novembre aux Etats-Unis paraissent tout à coup bien peu. D'autant plus que dans le même pays, Sony a vendu 2,5 millions de PS 2 rien qu'au mois de décembre. Et 5 millions à travers le monde. Les secrets de la réussite de Sony: un catalogue fait d'innombrables jeux et une faculté de baisser ses prix jusqu'à ce que ce que la concurrence en soit dégoûtée. Microsoft par exemple voulait lancer sa Xbox au même prix que la PS 2, mais il n'a pas pu s'aligner quand Sony a réduit ses prix de 50 pc. Résultat: la console japonaise coûte aujourd'hui un peu plus de 300 €, contre presque 500 pour sa concurrente américaine. La GameCube de Nintendo par contre, dont on dit beaucoup de bien et qui sera lancée le 3 mai prochain, est annoncée à moins de 250 €. Mais elle n'offrira qu'une vingtaine de jeux dans un premier temps... (M.V.O.)