Le Bois du Cazier devient musée
Le site de Marcinelle renaît de ses cendres et devient un lieu de souvenir ouvert au public dès ce mardi pour le plus grand bonheur des mineurs
- Publié le 09-03-2002 à 00h00
Lorsqu'un musée voit le jour, l'événement est de taille. A Marcinelle, les habitants attendaient avec impatience l'ouverture du Site du Bois du Cazier, devenu, après quelques dizaines d'années d'abandon, un musée dédié à l'industrie et au souvenir d'un événement qui marqua les consciences. Dès mardi, vous aurez la possibilité de visiter ce lieu à haute valeur symbolique et émotionnelle puisque c'est là qu'eut lieu la tragédie de Marcinelle en 1956.
UNE TRAGÉDIE HUMAINE
Trois ensembles de bâtiments aux frontons imposants se présentent au regard dès le passage de la grille. A l'arrivée, se dressent les deux châssis à molettes et la tour Foraki. Les bâtiments de gauche abritent l'espace `8 août 1956´, date phare dans la mémoire des travailleurs, des Marcinellois mais aussi de la Belgique entière. Ce jour-là, 262 hommes, dont 136 Italiens issus de l'immigration périrent dans les galeries du site à cause d'une erreur fatale. Chaque visiteur ne peut s'empêcher - et ce fut surtout le cas ce week-end puisque les Marcinellois étaient invités à visiter le site gratuitement - de frémir à l'idée que des centaines d'hommes se sont retrouvés prisonniers dans un piège brûlant.
Des délégations italiennes, des sauveteurs, des rescapés ont défilé ce week-end sur le site en pensant avec émotion à tous ceux qui y perdirent la vie. Nombre d'entre eux n'ont pu éviter de verser une larme comme s'ils revivaient la catastrophe. Et de comparer la tragédie à un naufrage, lorsque c'est le branle-bas de combat parce que tout le monde agit dans l'urgence et dans le dépouillement matériel.
Le site existe encore, en outre, pour démontrer que le gouvernement de l'époque n'a pas réussi sa politique d'immigration en négligeant les forces humaines qu'il avait attirées parfois sans scrupule. Le Bois du Cazier est revenu à la vie pour rendre hommage à tous ces hommes qui ont travaillé souvent pour des salaires de misère.
L'AVENIR RENCONTRE LE PASSÉ
Mais le site comporte d'autres aspects dont la création d'un musée de l'Industrie qui se fond presqu'en passant inaperçu dans l'écrasante grandeur des chevalements qui nous narguent au loin. Celui-ci s'attache à montrer comment la région de Charleroi a été fortement influencée - comme ailleurs - par la Révolution industrielle du XIXe
siècle. Grâce à des démonstrations diverses - un imprimeur est sur place, les mains pleines d'encre - et à un audio-guide qui permet de circuler librement dans le musée, on pourra y découvrir plusieurs secteurs manifestement en expansion à l'époque et dont le développement aura des répercussions sur l'économie et la vie en général. On peut cependant reprocher une trop grande dispersion des sujets qui n'offrent pas une approche très didactique et une exploitation des bâtiments mêmes qui occultent quelque peu l'origine première de cet ensemble. Le visiteur pourra quand même découvrir quelques traces de ce passé qui hante les lieux. Dans la `Salle des Pendus´ qui sert aussi de hall d'accueil, on y a conservé les monte-habits suspendus au plafond. Les douches dont se servaient les ingénieurs des mines ont été restaurées.
Même si la scénographie n'est pas parfaite et que le musée doit encore `faire sa maladie´, il a le mérite d'être dirigé par des professionnels dynamiques et motivés. Le musée, qui comporte également un centre de documentation - d'ailleurs à la recherche d'archives -, sera axé entre autres sur les enfants qui auront droit à leurs propres parcours thématiques.
Enfin, d'autres expositions temporaires se tiendront dans le `Forum´ qui sera inauguré officiellement dans le courant de l'année.
Des spectacles pourront s'y tenir. Il est d'ailleurs prévu que Frédéric Flamand y présente son nouveau spectacle de danse à l'occasion des Journées du Patrimoine les 13, 14 et 15 septembre 2002.
`Le Bois du Cazier´, L'espace `8 août 1956´ et le Musée de l'Industrie, rue du Cazier, 80 à Marcinelle. Tél. 071/88.08.56.
Web http://www.leboisducazier.be. Le musée est ouvert à partir de ce mardi 12 mars, tous les jours sauf le lundi et les jours fériés de 9 h 00 à 17 h 00. Le centre de documentation est ouvert du mardi au vendredi de 9 h 00 à 12 h 00 et de 13 h 00 à 16 h 00 sur rendez-vous. Prix: de 3 à 5 € suivant les catégories. L'accès au lieu du souvenir est libre.
© La Libre Belgique 2002