L'heure de vérité pour le secteur média
Des groupes comme Vivendi Universal ou RTL Group ont annoncé cette semaine des pertes record qui donnent le tournis. Faut-il en déduire que le secteur est en pleine déroute? Il a surtout nettoyé ses comptes.
- Publié le 07-03-2002 à 00h00
ANALYSE
En cette période de publication de résultats, certains chiffres donnent parfois le tournis. A commencer par ceux du groupe français Vivendi Universal qui a annoncé pour 2001 une perte record de... 13,6 milliards d'euros. Quelques jours auparavant, RTL Group affichait une perte de 2,5 milliards d'euros.
Faut-il en déduire que le monde des médias et de la communication est en pleine déroute? Aussi peu enthousiasmantes soient-elles, ces pertes doivent être quelque peu relativisées. Pour le groupe Vivendi, elles s'expliquent en partie par le passage aux nouvelles normes comptables américaines US Gaap et à la dépréciation de ses actifs qui l'ont obligée à réaliser des amortissements de 15,7 milliards d'euros. `Ces chiffres n'apportent que la confirmation que les groupes ont surpayé les sociétés qu'ils ont achetées ces dernières années´, constate Christophe d'Audiffret, gestionnaire de portefeuille chez FIM (filiale en Asset management de Fortis). AOL, le géant américain des médias, a dû faire des amortissements de goodwill (surprix payé lors d'un rachat) de 40 à 60 milliards de dollars.
Pour beaucoup de ces grands groupes, le moment est aussi bien venu de faire ces `opérations vérité´. Car dans le contexte de morosité actuel, `les gens n'attendent plus rien´, souligne encore Christophe d'Audiffret.
Autrement dit, ces pertes astronomiques ne créent pas de surprise. Ce qui explique que la réaction en bourse est assez limitée, voire même parfois positive. `C'était anticipé. Les comptes sont lavés´, explique le gestionnaire.
Mais peut-on imaginer que ces différents groupes sont repartis sur de meilleures bases? La réponse varie d'une société à l'autre. `Je ne trouve rien d'enthousiasmant dans Vivendi´, estime Christophe d'Audiffert. Il relève notamment les difficultés rencontrées par la filiale Canal+ ou encore les problèmes de piratage propres aux activités de musique et qui pourraient bientôt toucher le créneau des lecteurs DVD.
De plus, faisant figure de conglomérat (grâce notamment à la filiale Vivendi Environnement, l'ex-Générale des Eaux), Vivendi a plutôt un profil défensif peu attrayant, à ses yeux, compte tenu des signes de reprise économique qui devraient relancer le marché publicitaire. Il se montre dès lors plus positif à l'égard d'une valeur comme TF 1 ou comme l'agence Publicis.
A moyen terme, à entendre le gestionnaire, le secteur a encore de beaux jours devant lui. `Les besoins de communication des entreprises et aussi des gens vont encore augmenter´, dit-il. Ce qui va soutenir le marché de la pub. Un marché qui, il ne faut toutefois pas l'oublier, reste tributaire des cycles économiques.
© La Libre Belgique 2002