Battues et ignorées par la justice?
Vendredi, la Chambre des représentants accueillera, pour sa première session, le `Parlement international des femmes´ qui, en prolongement de la marche des femmes qui s'était tenue dans plus de 140 pays entre le 8 mars et le 17 octobre 2000, vise à établir un dialogue direct entre des mouvements et organisations de la société civile travaillant sur ce thème et le monde politique
- Publié le 06-03-2002 à 00h00
Vendredi, la Chambre des représentants accueillera, pour sa première session, le `Parlement international des femmes´ qui, en prolongement de la marche des femmes qui s'était tenue dans plus de 140 pays entre le 8 mars et le 17 octobre 2000, vise à établir un dialogue direct entre des mouvements et organisations de la société civile travaillant sur ce thème et le monde politique.
Les différentes interventions et témoignages exprimés, vendredi, devant la Chambre auront trois thèmes comme fil conducteur: les femmes et la pauvreté en Belgique, la pauvreté internationale ainsi que les femmes et la violence.
Sur ce dernier point, le plan national de lutte contre la violence à l'égard des femmes présenté par la vice-Première ministre Laurette Onkelinx (PS) il y a tout juste un an est, certes, un pas en avant mais, pour Béatrice Girard et Odette Simon, deux des coresponsables du Centre de prévention des violences conjugales et familiales, on ne peut s'en contenter. `Le plan parle d'un droit de rester au logement pour les femmes battues, en ce sens que ce n'est pas elles qui doivent être systématiquement déplacées en cas de problèmes mais c'est une mesure qu'on ne peut pas appliquer n'importe comment. Nous sommes consultées mais nous n'avons pas l'impression qu'il y a un suivi.´
Relayé par la parlementaire Jacqueline Herzet (PRL-FDF-MCC), le Centre s'inquiète surtout du peu de cas donné par le système judiciaire aux plaintes de femmes battues. `C'est notre gros problème. Il existe une loi, du 24 novembre 1997, qui introduit dans le code pénal la notion de crimes et délits commis contre un conjoint et le plan national parle d'aggravation des peines, mais cela ne sert à rien si cette loi n'est pas ou peu appliquée. Par exemple, on aimerait bien avoir des magistrats de référence´, reprend Béatrice Girard.
En cause? Sans doute le manque d'attention pour la problématique mais aussi les nombreux préjugés qui collent aux bottes des femmes battues (cas sociaux, affabulatrices...).
Des projets existent pourtant, comme nous l'a assuré le cabinet du ministre de la Justice, Marc Verwilghen: l'installation de bureaux d'assistance aux victimes dans les 196 zones de police, des formations pour les magistrats et les assistants judiciaires dans le cadre de cette problématique, l'étude par le collège des procureurs généraux d'une expérience anversoise qui consiste à classer les dossiers de violence intrafamiliale par famille pour avoir une meilleure vue du problème, dans l'objectif d'en tirer des conclusions en vue d'une adaptation nationale...
`Mais ce n'est pas juste de dire qu'il y a une politique de classement sans suite des plaintes. Les cas de violence conjugale sont des problèmes spécifiques qui demandent des actions prudentes. Il ne faut pas aggraver une situation de conflit dans un couple par une intervention judiciaire systématique´, nous y a-t-on également expliqué.
`D'accord quand il s'agit d'un problème de communication mais il y a des niveaux de violence où celle-ci n'est plus possible ou ne va plus que dans un sens et là, il faut agir´, rétorque Béatrice Girard.
Des initiatives se mettent donc en place, et la Belgique n'est pas la dernière à agir en la matière, mais tout cela paraîtra bien abstrait pour les femmes dont la vie est momentanément mise entre parenthèses.
© La Libre Belgique 2002