Ecoles: moins de violence grave
- Publié le 05-03-2002 à 11h16
Baisse des cas répertoriés dans les écoles
BRUXELLES Les faits graves de violence commencent lentement à régresser, dans les écoles francophones. C'est ce qu'indiquent les dernières statistiques en date, dévoilées lundi par le ministre de l'Enseignement secondaire, Pierre Hazette (PRL). Elles attestent que, ces trois dernières années, la tendance a commencé à s'inverser.
Ces chiffres sont fournis par l'administration. C'est à elle que, quand un fait de violence entraînant une déclaration d'accident de travail se produit - soit les faits assez sérieux - les écoles ont l'obligation de faire rapport. Il ne s'agit donc pas uniquement des actes débouchant sur des actions en justice, dont on sait qu'ils peuvent être biaisés par la crainte du prof ou de l'élève dénonçant les faits de subir des représailles. Mais il ne s'agit pas non plus de faits purement anodins.
• Évolution. De 1995 à 1999 (tableau), la violence avait fortement évolué, passant de 126 cas à 213. De 99 à 2001, la tendance s'est inversée, pour repasser à 195 cas. C'est le Hainaut (61 dossiers) qui est resté le plus touché, devant Bruxelles (50) et Liège (42). La violence s'est toutefois accrue en Liège, Luxembourg et Brabant wallon.
• Réseaux. Ils sont touchés à égalité par les faits de violence: 35% des cas (68 dossiers en 2001) pour celui de la Communauté, 32% (63 cas) pour l'officiel subventionné et 33% (64 cas) pour le libre. Mais dans l'officiel subventionné, les dossiers n'ont cessé d'augmenter (38 en 1995, 57 en 1999, 63 en 2001), à l'inverse des deux autres.
• Auteurs. Dans 62% des cas (120 dossiers), la violence est le fait des élèves, contre 10% (19 cas) pour les parents, 4% (8 cas) pour d'anciens élèves, 1% (2 cas) le personnel de l'établissement et 24% (46 cas) des gens totalement extérieurs à celui-ci. Mais pour les élèves, on constate une régression (151 cas en 99, 120 en 2001). Si, pour ces derniers, on est passé de 92 cas en 1995 à 120 en 2001, pour les parents, on est passé de 9 à 19, soit plus d'un doublement.
• Exclusions définitives. La répression des faits s'accroît. Pour l'année scolaire 99-2000, 283 élèves ont été exclus suite à des faits de violence. 87 cas concernaient des pressions morales entre élèves, 182 des coups et blessures entre élèves, 78 des faits à l'encontre d'un prof et 21 du racket.
• En 2000-2001, on est passé à 363 élèves exclus (70 pour pressions morales, 267 pour coups et blessures, 65 pour violence contre un prof et 39 pour racket).
"Les menaces et les incivilités sont fréquentes"
BRUXELLES De 283 élèves exclus d'un établissement secondaire francophone en 99-2000, on est donc passé à 363 en 2000-2001. Une aggravation que le ministre Hazette se refuse à attribuer à une aggravation de la violence elle-même. Il préfère y voir l'effet d'une circulaire diffusée en début de législature appelant les directions d'écoles à ne plus rester sans réaction face aux faits sérieux.
Envoyée en octobre 1999, celle-ci avait proposé aux établissements un guide pratique reprenant l'ensemble des démarches à adopter face à des comportements gravement perturbateurs, tant vis-à-vis de la victime et de l'auteur que de la classe ou de tout l'établissement. Le ministre reconnaît néanmoins que si `les passages à l'acte grave sont rarissimes´, les `menaces et incivilités sont par contre fréquentes´ et que `les faits de racket restent très largement méconnus des autorités scolaires´.
Quant à l'aide juridique ou psychologique d'urgence, elle n'a été sollicitée que 25 fois en 1999, 34 en 2000 et 21 en 2001. Celle-ci est accessible aux seuls établissements secondaires dès qu'il y a dépôt d'une plainte par le prof, avec une intervention maximale limitée à 3.750 euros.
`Les analyses par établissement ont permis de soulever trois grandes caractéristiques qui seraient susceptibles d'engendrer de la violence au sein des établissements scolaires´, rappelle le ministre Hazette. `Les écoles qui regroupent un grand nombre d'élèves nés à l'étranger, à bas statut socio-économique et à retard scolaire important ont tendance à présenter davantage de problèmes que les autres.´
Ch. C.