Edito: la Belgique possède une bonne santé économique... à entretenir
- Publié le 27-04-2018 à 06h45
Un édito de François Mathieu.
Si les attaques de l’opposition gagnent en intensité ces dernières semaines sur les fronts socio-économique et budgétaire - c’est de bonne guerre à quelques encablures des élections -, sur le terrain, la tendance est plutôt à la sérénité. Nos entreprises se portent mieux, c’est incontestable.
Le baromètre de l’UCM est sans appel, comme l’ont été de précédentes études de la Banque nationale et du Bureau du Plan. Le contraste est même saisissant avec le contexte politique, très chahuté. Mais cela s’explique. D’abord, il y a un double effet favorable découlant des mesures prises récemment : un effet psychologique résultant de la confiance retrouvée des entreprises suite à la baisse de leur taux d’imposition et un effet conjoncturel positif induit par la baisse des charges patronales et la hausse du pouvoir d’achat des ménages, même modeste, qui pousse les dépenses de consommation à la hausse. Tout bénéfice pour l’activité des entreprises, donc. Ensuite, le contexte international favorable, surtout chez nos voisins allemand et français, rejaillit sur nos sociétés, malgré la hausse de l’euro et les risques liés à une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Le tableau serait presque idyllique s’il n’y avait une ombre. Parmi les préoccupations majeures des entreprises, il y a la fiscalité. Ah bon ? La baisse de leur taux d’impôt à 25, voire 20 %, ne suffirait-elle pas ? C’est que cette diminution du taux nous ramène seulement dans la moyenne européenne…
En outre, les sociétés ont (eu) peu de temps pour s’adapter aux mesures compensatoires qui font que la réforme de l’impôt des sociétés ne coûtera en principe rien. Il leur est souvent difficile de s’y retrouver dans la kyrielle de mesures prises, et d’en jauger les effets réels. Ces incertitudes, qui sont aussi de nature juridique, ne devraient-elles pas inciter à une évaluation rapide de cette réforme faite de bric et de broc, pour éviter une catastrophe industrielle, tant sur le plan budgétaire que sur le plan économique ? Personne n’aurait à y perdre…