Attentats US: un coup de téléphone extraordinaire

B. Gil.

Une Canadienne appelle un numéro au hasard à New York et tombe sur une Belge

NEW YORK Marie-France Gelot, 26 ans, une avocate belge de New York, n'est pas prête d'oublier ce 11 septembre 2001. Mais peut-être pas pour les mêmes raisons que les autres New-Yorkais. `La nuit après l'attentat, je n'ai pas pu dormir une minute, explique Marie-France. Et le lendemain après-midi, épuisée, je m'endormais lentement dans mon divan quand, tout à coup, je reçus un coup de téléphone que je n'oublierai jamais´.
Au bout du fil: Wendy, une Canadienne habitant près de Toronto. `Bonjour, je suis une mère de famille au Canada. La radio locale a conseillé aux habitants qui ne connaissaient personne à New York de faire un numéro au hasard pour apporter notre soutien à un New-Yorkais. C'est comme ça que j'arrive chez vous.´
Marie-France ne peut retenir quelques larmes et la conversation s'engage. `Je lui ai raconté mon histoire et combien j'avais eu peur, explique Marie France. En fait, ce jour-là, je suis arrivée en retard au bureau. C'est en sortant de la gare que j'ai aperçu la fumée. Les deux impacts avaient déjà eu lieu. J'ai voulu aller au bureau, dans le financial district. J'ai croisé deux collègues en chemin quand la première des deux tours s'est effondrée. A ce moment, ce fut la panique. Nous avons été envahis de poussière, de telle sorte que nous ne pouvions même plus voir devant nous. Les gens s'enfuyaient en criant, en toussant, en vomissant A ce moment, j'ai vraiment eu peur pour ma vie. Pendant deux heures, j'ai marché vers le haut de la ville et je suis rentrée chez moi. J'ai immédiatement prévenu ma famille que tout allait bien. Puis, j'ai laissé un message sur mon répondeur pour dire que j'étais bien en vie.´
Au bout du fil, Wendy écoute et compatit. Depuis cette communication, elle a déjà envoyé un e-mail à Marie France pour lui proposer de parler ou toute autre aide nécessaire. Le contact est établi. Peut-être une belle amitié qui commence.
Marie-France, elle, essaie d'oublier l'attentat. Lundi dernier, elle a repris son travail. `Nous avons été accueillis par notre direction et un psychologue. Ce dernier nous a tous vus pour un petit débriefing. Puis, nous sommes rentrés dans nos bureaux respectifs. J'y ai une vue magnifique sur les restes du WTC. En fait, cette semaine, on n'a pas beaucoup travaillé. Certains de mes collègues, notamment ceux qui ont vu des victimes se jeter dans le vide, ont été très choqués. Moi, je me retourne sans cesse sur ce paysage de désolation.´
Et puis, il y a cette peur dont Marie-France ne peut se défaire. `Si les tours étaient tombées sur le côté, je ne serais plus là pour le raconter. Je pense aussi que j'habite entre la gare centrale et l'Empire State Building: deux belles cibles dont je pourrais être la prochaine victime. Vraiment, j'ai peur et cet attentat pourrait précipiter mon retour en Europe.´

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...