Diplomatie pour les nuls: Trump, un président à la buvette de terrain de foot
- Publié le 24-09-2017 à 19h44
- Mis à jour le 24-09-2017 à 19h50
Une "diplomatie pour les nuls" par Philippe Paquet.
On n’avait jamais entendu un président américain user d’un sobriquet (sinon d’une insulte), à la tribune de l’Onu, pour désigner un chef d’Etat étranger - Donald Trump l’a fait mardi dernier en surnommant Kim Jong-Un "Rocket Man". On n’avait jamais entendu non plus un locataire de la Maison-Blanche employer un langage de charretier pour régler ses comptes en public - Donald Trump l’a fait vendredi soir en traitant de "fils de p…" les sportifs qui ne respectent pas le drapeau ou l’hymne national des Etats-Unis.
Ce dernier dérapage en date a logiquement provoqué un émoi considérable dans le pays. Non seulement en raison de l’extrême vulgarité du propos, mais aussi parce que Donald Trump a pris le risque d’enflammer les tensions entre communautés. Le comportement qu’il fustige concerne, en effet, les sportifs (le plus souvent noirs) qui restent assis, s’agenouillent ou lèvent le poing quand est joué l’hymne national avant les matchs, notamment ceux de la Ligue nationale de football (NFL). Ils entendent ainsi dénoncer la persistance des discriminations et des injustices aux Etats-Unis.
En réclamant que les clubs "virent" ces fortes têtes (en référence à son émission de téléréalité "The Apprentice", popularisée par le slogan "You are fired"), Donald Trump a cru donner une leçon de patriotisme. Il a surtout manifesté une rare insensibilité à la question raciale. Dans un déluge de réactions, associations sportives (NFL en tête), propriétaires de clubs, entraîneurs et joueurs s’indignent de cet aveuglement en rappelant que le monde du sport est précisément celui où l’on s’efforce le plus de combler le fossé racial et social.
Donald Trump faisait campagne dans l’Alabama pour un candidat à une élection sénatoriale quand il a commis ce nouveau faux pas. Ce n’est pas une coïncidence. Le président américain ne semble toujours pas comprendre qu’il n’est plus en campagne, qu’il incarne désormais une nation avec d’écrasantes responsabilités, dont celle de respecter ses compatriotes et de mériter qu’ils le respectent. Par son attitude et son vocabulaire, Donald Trump s’est montré vendredi plus à sa place dans une buvette de terrain de foot qu’à la Maison-Blanche.