Allemagne: l'extrême droite veut une enquête parlementaire contre Merkel
- Publié le 24-09-2017 à 19h55
- Mis à jour le 25-09-2017 à 09h43
Le parti d'extrême droite AfD veut mettre sur pied une commission d'enquête parlementaire afin de se pencher sur des abus dont se serait rendue coupable Angela Merkel lors de la crise migratoire, a annoncé dimanche la figure de proue des nationalistes, Alice Weidel. Alice Weidel, mère de famille de 38 ans, est devenue l'égérie de l'AfD afin d'adoucir l'image du parti, taxé de racisme par ses détracteurs.
Elle estime que la chancelière Merkel doit répondre de sa décision d'avoir accueilli des centaines de milliers de migrants en enfreignant le droit européen.
L'AfD est devenue la troisième force politique allemande lors des élections fédérales de dimanche, récoltant quelque 13% des suffrages. Le parti devrait obtenir une nonantaine de sièges au Bundestag.
L'AfD entame sa carrière parlementaire plombée par les scandales
L'Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui est appelée à devenir une des principales forces d'opposition dans le prochain parlement allemand, est le produit d'une histoire haute en couleurs. Depuis son avènement sur la scène politique allemande, l'AfD a déjà été au centre de plusieurs polémiques. L'AfD s'est constitué lors du débat sur la crise de la dette grecque. Le parti viscéralement europhobe refusait alors que l'Allemagne renfloue les caisses du trésor public grec. En 2013, l'AfD avait failli entrer au Bundestag, mais avait échoué à quelques points du seuil électoral des 5%.
Le parti a ensuite vivoté jusqu'à ce que la crise migratoire éclate. La décision de la chancelière Merkel d'ouvrir les frontières aux réfugiés fuyant les guerres qui ravagent l'Afrique et le Moyen-Orient a revigoré l'AfD, qui a trouvé un sujet sur lequel appliquer son discours xénophobe et anti-migrants.
Alors que la plupart de ses représentants sont des néophytes en politique, l'AfD a fait les titres des journaux par certaines déclarations maladroites.
En janvier dernier, Björn Höcke s'est ainsi fait remarquer en attaquant la légitimité du mémorial de l'Holocauste à Berlin, qualifiant celui-ci de "monument de la honte". Il a aussi estimé devant les jeunes de son parti que les Allemands se flagellent avec leur passé, les transformant en "peuple brutalement conquis".
Alexander Gauland, le numéro deux de la campagne électorale ayant pris fin ce soir, pourrait devoir répondre de racisme devant la justice, après avoir suggéré de "se débarrasser" d'une politicienne germano-turque. Aydan Ozoguz, une responsable gouvernementale, était coupable, selon M. Gauland, d'avoir déclaré qu'il n'existait pas de culture allemande spécifique au-delà du langage commun.
Angela Merkel, qui ne réagit généralement pas aux sorties xénophobes de l'AfD, était alors sortie de sa réserve pour dénoncer ces "commentaires racistes".
Alice Weidel, l'égérie du parti d'extrême droite, est elle attaquée pour un mail raciste envoyé le 24 février 2013. Dans celui-ci, elle écrit que le gouvernement de Mme Merkel tente de "détruire la société bourgeoise de l'Allemagne en l'inondant d'Arabes, de tziganes et de Roms", et ajoute que le pays doit retrouver son "unité génétique".
"Ces porcs (du gouvernement) ne sont rien d'autre que les marionnettes des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale", poursuit-elle.
Les caciques de l'AfD ont dénoncé des accusations mensongères, mais le destinataire du mail, un ancien proche de Mme Weidel, a déclaré sous serment que le courriel était authentique.
A la même époque, Alice Weidel devait également se défendre d'avoir illégalement engagé une réfugiée syrienne comme femme de ménage.
En juin dernier, plusieurs responsables se sont retrouvés au milieu d'une nouvelle polémique avec la retranscription d'une conversation en ligne regorgeant de messages nationalistes. Andre Poggenburg a ainsi employé l'expression "Deutschland den Deutschen" ("L'Allemagne aux Allemands"), une formule prisée de l'extrême droite.
Un autre responsable soulignant quant à lui la nécessité de museler la presse une fois le parti au pouvoir. "Nous devons nous attaquer aux médias, sinon ce sera trop difficile. En prenant le pouvoir, nous devons mettre sur pied un comité qui contrôlera tous les journalistes et rédacteurs en chef. Des patrons devront être virés, et les médias contre le peuple supprimés."