Une Palme d'or en plus, des chaussures et des ordinateurs en moins, découvrez toutes les réactions des vainqueurs

Voici toutes les réactions des grands gagnants du 70e Festival de Cannes.

Patrick Laurent

Voici toutes les réactions des grands gagnants du 70e Festival de Cannes.

Émus, souriants, ivres de joie, les vainqueurs du 70e Festival de Cannes ont lâché la pression avant de faire la fête toute la nuit. Et cela, sans les deux grandes absentes, Sofia Coppola (prix de la mise en scène pour Les proies) et son actrice, Nicole Kidman, prix du 70e anniversaire, qui n'ont pu se rendre à Cannes pour recevoir leur trophée.

Diane Kruger (prix d'interprétation pour In the fade de Fatih Akin)

C'est la première fois que j'ai tourné en Allemand. J'ai quitté mon pays voici 25 ans, je n'étais pas actrice à l'époque et je n'ai toujours pas d'agent là-bas. J'attendais ce rôle depuis longtemps. Je suis si heureuse. Fatih Akin a marqué mon enfance. C'est une superstar en Allemagne. J'allais voir ses films aux cinéma quand j'étais jeune. Je l'ai rencontré à Cannes il y a cinq ans quand j'étais jurée et je suis allée le voir. C'est une rencontre pour la vie. On a fait un film qui nous tient énormément à cœur. Je trouve ça incroyable qu'un homme ait écrit un rôle de femme avec une telle force. Il m'a forcée à faire des choses que j'ignorais avoir en moi. C'est mon frère. Pour moi, ce qu'on a fait, c'est un film de famille. L'acte de terrorisme est une chose, mais c'est avant tout un film sur une femme qui perd tout. Comment continuer à vivre quand on a tout perdu ? Elle pose donc la question : qu'aurait-on fait à sa place ? Fatih m'a montré à quel point j'étais solide. J'ai beaucoup apprécié ce personnage qui est une victime mais ne laisse jamais tomber. C'est une chance en tant qu'actrice d'avoir un rôle comme ça qui change les chose dans la carrière et sur le plan personnel. La limite entre moi et mon personnage est floue. Aujourd'hui encore, je porte ce personnage avec moi. Il y a un avant et un après ce film, en ce qui me concerne. Il y avait des jours où j'avais l'impression de ne pas jouer : tout ce qui arrivait à Katja m'arrivait à moi aussi.

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©AP

Joaquin Phoenix (meilleur acteur pour You were never really here)

J'étais très étonné. C'était totalement inattendu. Avant de venir, j'avais dit à ma copine que ce serait une très belle expérience, qu'elle me rendrait nettement plus humble et que personne ne m'aimerait. Je m'attendais à ça en venant à Cannes. Je n'aurais jamais pu imaginer gagner un prix. Je ne savais pas si je devais monter sur scène ou pas. C'était un peu stupide, mais je ne savais pas quoi faire. Et je n'essaie pas d'être drôle. Vous avez aimé mes chaussures ? C'est agréable d'être à Cannes, où tout le monde parle de cinéma, peu importe l'endroit où l'on se trouve. Je suis très heureux d'être ici. C'est une merveilleuse expérience.

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Lynne Ramsay (prix du scénario pour You were never really here)

Prix ex æquo ? C'est quand même magnifique. J'ai écrit le scénario et c'est une forme de reconnaissance très agréable. Joaquin Phoenix aurait pu recevoir la moitié de mon prix, parce qu'il m'a beaucoup aidée pour le scénario.

Robin Campillo (réalisateur de 120 battements par minutes, Grand Prix)

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Ruben Östlund (Palme d'or avec The Square)

C'est lui qui retourne avec la Palme d'or spéciale 70e anniversaire, ornée de 167 diamants. La première chose que j'ai faite, c'était de parler avec mon voisin. Quand on a entendu le nom du film, on s'est dit que c'était extraordinaire. On a beaucoup lutté pour tourner ce film. C'était un moment magique. Je suis aux anges. C'est important car Cannes est un endroit spécial. Pour moi, ce n'est pas une coïncidence car il y a une tradition suédoise à Cannes. Mais je suis très heureux d'avoir pu attirer l'attention sur le contenu du film. Mais je serais ravi de partager la Palme d'or avec Haneke. Non, c'était une blague : je ne veux partager la Palme d'or avec personne, elle m'appartient. C'est extraordinaire d'avoir gagné ce prix. Le symbole du carré, qui sert de titre au film, c'est le respect des uns envers les autres. Et j'ai été choqué à Cannes en voyant un homme renversé par une voiture sur un passage clouté. Les gens conduisent de façon très agressive dans le Sud de la France. C'est un exemple de situation où on sort du carré. Des voleurs sont venus voler nos ordinateurs et nos chaussures ici à Cannes. En même temps, on constate tous les jours qu'il y a aussi des gens bienveillants. Concernant la longueur de mon film, on va la rallonger. Il n'y a aucun problème pour que des enfants regardent une aventure d'Harry Potter de 2 h 30 mais dès qu'un film pour adulte dépasse les 2 h, cela devient trop long. Si on veut que le cinéma évolue, il faut ne pas développer des histoires trop simples.

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Andrey Zvyaginstev (Prix du jury pour Faute d'amour)

Ce prix, je vous dirais ce qu'il représente quand je serai à Moscou. Pour l'instant, je ne réalise pas. Être sélectionné, c'est déjà un énorme tremplin, ça permet d'être remarqué du monde entier et d'avoir une chance de faire le film suivant. Tolstoï a dit que tous les grands romans se terminent par des mariages et qu'il aimerait avoir un roman qui raconte ce qui se passe après le mariage. Ici, on parle d'un couple que se délite, un enfant disparaît, et c'est l'absence d'empathie et l'égoïsme permanents qui sont les plus importants. Même s'il y a un arrière-plan politique. Est-ce que j'aurais pu tourner ce film ailleurs ? Oui, mais l'arrière-plan aurait été différent, le film aurait eu d'autres couleurs.

Yorgos Lanthimos (prix du scénario pour Mise à mort du cerf sacré)

Voilà un cinéaste aussi amusant et déjanté que son film... Ex æquo ? Pas déçu. Cela n'enlève rien au plaisir. C'est difficile de se mettre à la place du jury. La joie est entière, et je suis ravi de partager ce prix avec une très grande réalisatrice. Pour raconter des histoires, nous partons d'une petite idée, puis nous la poussons à l'extrême. Pour moi, c'est le seul moyen d'approfondir les choses et de révéler les éléments de la nature humaine. Je ne sais pas comment faire autrement. Maintenant, j'aimerais bien travailler à l'étranger dans une langue que je ne comprends pas. Pendant la projection, j'étais tellement tendu que je n'ai fait qu'entendre les spectateurs tousser. Je me demandais s'ils ne pouvaient pas se retenir de tousser...

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Robin Campillo (Grand Prix avec 120 battements par musique)

L'accueil était impressionnant. Je ne m'y attendais pas. Mais je me sentais seul sur scène. Je travaille collectivement, et moins on fait un film seul, mieux c'est. Je ne sais pas si les gens d'Act Up étaient des héros de la lutte contre le sida. Ils étaient complètement engagés dans leur lutte. C'était mieux que des héros : des folles sans foi ni loi, et de victimes, ils sont devenus des méchants pédés. Il y a eu une forme d'héroïsme à sortir de soi, à se confronter les uns aux autres avant de se confronter à l'extérieur. Je suis très admiratif des gens que j'ai connus à l'époque. Et de ceux que je connais encore, car certains sont encore en vie. J'ai un rapport très particulier aux émotions. J'étais coupé des émotions. L'humanité, c'est aussi de ne rien ressentir, d'être dans un état d'anesthésie. Je voulais rendre compte de ça. J'avais peur d'être plus ému que les comédiens en tournant ce film, mais c'est ça l'intérêt du collectif : cela protège des émotions. L'émotion au cinéma vient de cette distance-là, et pas de gens qui se mettent à pleurer.

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