Procès Wesphael: les enquêteurs s'intéressent aux SMS et aux coups de fil

Plusieurs messages et appels entre Oswald D. et Véronique Pirotton, effacés du GSM du premier, ont été récupérés grâce à une analyse de téléphonie.

Julien Balboni et Belga
Procès Wesphael: les enquêteurs s'intéressent aux SMS et aux coups de fil
©Photo News

Plusieurs messages et appels entre Oswald D. et Véronique Pirotton, effacés du GSM du premier, ont été récupérés grâce à une analyse de téléphonie, ont détaillé les enquêteurs devant la cour d'assises du Hainaut lundi. Ils ont également rendu compte de l'analyse des comptes en banque du prévenu et de la victime. La lecture du GSM d'Oswald D. a permis de récupérer 362 SMS entrants et sortants entre lui et Véronique Pirotton, envoyés ou reçus entre le 3 décembre 2010 et le 31 octobre 2013. Ils avaient tous été supprimés de l'appareil.

Les enquêteurs ont cité plusieurs messages pertinents. Parmi ceux-ci, un envoyé le 22 octobre 2012 disant "pas de lettre, ni SMS ou téléphone s'il te plaît. Je te contacte dès que possible et on doit se voir. Urgent". Un autre de Véronique Pirotton, datant du 5 mai 2013 dit: "s'il te plaît, ne prends surtout pas contact avec moi. (...) Ma voiture n'existe plus. Je voudrais ton soutien. J'ai peur de repasser à l'acte. Victor casse peu à peu le pacte de l'autre. J'ai besoin de ta vigilance et de ton amour". Le 31 octobre 2013, à 15h39, elle écrit: "C'est fini Oswald". Plus tôt dans la journée, elle lui avait envoyé un message pour lui dire qu'elle avait rédigé le premier chapitre de son livre, auquel il avait répondu: "je suis fier de toi". Les policiers ont rappelé que des appels entre Véronique Pirotton et son amant ont été enregistrés les 30 et 31 octobre. Ces appels ont également été effacés du GSM d'Oswald D. Pour les enquêteurs, on ne peut pas parler juridiquement "de harcèlement".

Par ailleurs, les résultats confirment que le GSM d'Oswald D. se trouvait toujours dans la région de Liège le jour des faits et la veille.

L'analyse du GSM montre encore un échange de SMS entre Oswald D. et la victime le 26 octobre 2013, date de la lettre de l'amant à Véronique Pirotton découverte sur l'ordinateur de Bernard Wesphael peu après son arrestation. Mais le contenu de ces SMS n'a pas pu être récupéré.

Les démarches immobilières de Bernard Wesphael ont encore été examinées. Le 16 mai 2013 notamment, une simulation de crédit hypothécaire a été réalisée pour l'ex-député wallon et Véronique Pirotton en vue d'un achat de 234.000 euros. Il est ensuite apparu que l'accusé avait menti sur sa situation financière, et l'achat n'a pas pu se faire. Fin août 2013, Bernard Wesphael a pris des contacts avec une agence pour acheter un appartement. Il souhaitait tout clôturer dans les 15 jours. Le projet n'a pas abouti. Il a par la suite fait appel à une autre agence en vue de louer un appartement où il habiterait avec sa fille, sans suites. Finalement, en octobre 2013, quelques jours avant les faits, Bernard Wesphael faxe trois fiches de salaire à une agence immobilière pour un loft à Liège qu'il comptait louer, pour 950 euros par mois.

Il apparaît aussi que Bernard Wesphael était endetté à hauteur de 10.000 euros, et que le contrat de mariage du couple était rédigé sous le régime de la séparation simple des biens. Véronique Pirotton n'ayant pas rédigé de testament, tant Victor, son fils, que Bernard Wesphael sont les héritiers. Celui-ci n'héritera cependant de rien s'il est condamné.

Leurs comptes en banque ont enfin été épluchés. Le jour des faits, le compte courant de Bernard Wesphael contenait 6.800 euros. Son salaire de parlementaire de 8.020 euros lui avait été versé le 28 octobre. L'accusé a souhaité préciser à la cour qu'il avait pendant des années versé 40% de son salaire à Ecolo.

Les images des caméras de l'hôtel Mondo ont été diffusées dans la foulée. Sur les clichés présentés, on peut apercevoir le couple prendre le petit déjeuner, quitter l'hôtel puis y revenir en soirée. Comme en attestent les images, Véronique Pirotton pose à deux reprises sa tête sur la poitrine de son mari. Celui-ci la tient par le bras car elle semble tituber et avoir trop bu.

Le procès, plus tôt cet après-midi

Les enquêteurs de la police judiciaire de Bruges ont mené plusieurs perquisitions chez Oswald D. et son entourage, l'ex-compagnon puis amant de Véronique Pirotton durant l'enquête sur le meurtre de cette dernière à Ostende, le 30 octobre 2013. Une photo de Bernard Wesphael avec une croix gammée a ainsi été découverte dans un PC saisi chez la compagne actuelle de l'amant. Celui-ci mettait en avant dans des lettres également saisies la consommation excessive d'alcool de Véronique Pirotton, dès 2011. Le 3 janvier 2014, une première perquisition a été menée chez Oswald D., psychologue de profession. Du matériel informatique (un PC portable et un fixe) a été saisi puis analysé par le Computer Crime Unit (CCU) de la police judiciaire de Bruges. La plus grande partie des fichiers date de 2011 quand Oswald D. était le compagnon de Mme Pirotton. Des photos de celle-ci, nue, et des lettres d'Oswald D. à Véronique Pirotton ont été découvertes. "Dans plusieurs de ces lettres, la consommation excessive d'alcool de Mme Pirotton est mise en avant", ont indiqué les policiers brugeois.

Le 25 avril 2014, une nouvelle perquisition a été menée chez Oswald D. car la police avait été informée de la détention par l'amant de Véronique Pirotton d'autres supports informatiques, à son domicile et chez sa compagne actuelle. Deux mandats de perquisitions ont été exécutés simultanément aux deux domiciles visés.

Un disque dur externe et un cahier de notes écrites ont été alors saisis. "Une farde contenait 67 pages de lettres adressées à Véronique Pirotton. Le contenu des documents et les notes constituent une sorte de journal qu'Oswald conservait. La plupart des données, même après les faits, traitent de leurs relations et de Bernard Wesphael. A l'occasion de ces perquisitions, on a découvert un pistolet et deux chargeurs avec six munitions", ont expliqué les policiers.

Chez la compagne d'Oswald D., les policiers ont saisi un ordinateur portable ainsi qu'un carnet de notes. "Sur les PC portables d'Oswald, on a retrouvé 29 images de Bernard Wesphael. On n'a pas pu déterminer s'il avait fait ces photos (lui-même) ou les avait prises sur le web", ont ajouté les policiers. Sur un disque externe, les policiers ont retrouvé des photos intimes de Véronique Pirotton et d'Oswald D., six photos de Bernard Wesphael dont l'une avec une croix gammée barrée et la mention "sale facho" ainsi que cinq lettres écrites par Oswald D. à Véronique Pirotton.

La police a également mené une perquisition dans un bureau de l'amant de la victime. Le PC trouvé sur place n'a pas été saisi, le juge d'instruction se conformant au secret professionnel. Cet ordinateur était en effet utilisé par d'autres psychologues ainsi que des psychiatres.

Une perquisition a également été menée sur le lieu de travail de Véronique Pirotton, le 20 mai 2014, dans une intercommunale. L'objectif était notamment d'analyser la boîte mail de la victime. "On a découvert un document portant la motion 'Oswald' qui contenait 370 mails, stockés entre le 28 février 2008 et le 22 octobre 2013".

Oswald D. et Véronique Pirotton entretenaient des contacts par mail de manière fréquente et ainsi que des relations sexuelles alors qu'elle était mariée à Bernard Wesphael, ressort-il de ces écrits.

La lettre écrite par Oswald D. à Véronique Pirotton, qui avait été retrouvée dans l'ordinateur de Bernard Wesphael quelques jours après son arrestation, ne se trouvait pas dans les ordinateurs de l'amant. Le mystère reste donc entier sur la présence de ce courrier dans l'ordinateur de l'accusé.

Notre envoyé spécial Julien Balboni était en direct:

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