Primaire de la droite: les ténors s’écharpent d’entrée de jeu

Cette fois, les chevaux sont lâchés. Les principaux candidats à la primaire de la droite et du centre, qui ont rongé leur frein tout l’été, se sont lancés dans le grand bain.

Benjamin Masse Correspondant à Paris
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©Montage LaLibre

Cette fois, les chevaux sont lâchés. Les principaux candidats à la primaire de la droite et du centre, qui ont rongé leur frein tout l’été, se sont lancés dans le grand bain.

Après une semaine marquée par la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy, ce sont Alain Juppé, samedi à Chatou (Yvelines), puis François Fillon, dimanche dans son fief de Sablé-sur-Sarthe, qui ont tenu leur meeting de rentrée. Et si tous les ténors de la droite ont officiellement appelé au rassemblement, ils ne se sont pas privés de taper à bras raccourcis sur leurs concurrents.

Obsession de Sarkozy sur l’identité

Alain Juppé a ouvert le bal, en dénonçant, sans le nommer, l’obsession de Sarkozy pour les thématiques identitaires. "Il faut rassembler plutôt que chercher à cliver, rassembler plutôt que vouloir exclure ou stigmatiser, rassembler plutôt que d’exciter les surenchères", a-t-il énuméré, dans une allusion transparente au programme de son grand rival. "Je refuserai d’instrumentaliser les peurs, de flatter les bas instincts."

L’ancien Premier ministre s’est prononcé contre une loi sur le burkini, contre la suspension du regroupement familial et contre la mise en détention préventive de tous les "fichés S", proposées par les sarkozystes. "Je n’accepterai pas un Guantanamo à la française, où l’on enfermerait sans jugement des milliers de personnes pour une durée indéterminée et sur un simple soupçon", a martelé Juppé.

La "bien-pensance" raillée

Depuis le Touquet, où il participait au campus des Jeunes Républicains, Sarkozy ne s’est pas privé de répliquer, raillant les "oreilles sensibles" de ceux qui pour lui incarnent "la bien-pensance". Les oreilles de Juppé, on l’aura compris, étaient visées. Et elles ont dû continuer à siffler, puisque l’ancien chef de l’Etat s’est montré plus direct encore, ciblant le concept d’identité heureuse, au cœur du programme de son rival. "Certains voient [notre identité] heureuse", a-t-il ironisé. "D’autres, comme moi, la voient avec un regard plus réaliste."

Même ambiance virile, dimanche, lors de la rentrée de François Fillon. L’élu de la Sarthe a attaqué bille en tête Nicolas Sarkozy, qui l’avait traité de "collaborateur" lorsque Fillon était son Premier ministre. "Le président de la République ne devrait pas être un président de faits divers, parlant à tort et à travers et occupant la chronique mondaine", a lancé Fillon, dans une condamnation qui semblait englober à la fois Hollande et Sarkozy. "Je suis candidat à la présidence de la République pour lui rendre sa dignité." Avant d’enfoncer le clou, dans une pique destinée cette fois exclusivement à son rival dans la primaire : "Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?"

Le Maire ironise sur les ex

Un jeu de massacre auquel s’est prêté le quatrième homme de cette primaire - et même classé en troisième position dans les sondages - Bruno Le Maire : sur RTL, celui qui entend incarner le "renouveau", a raillé d’un seul trait ses trois compétiteurs : "le duel de la droite ne doit pas se résumer à un ancien président de la République, un ancien Premier ministre, comme s’il fallait être un ancien quelque chose ! Il n’y qu’à ajouter Edouard Balladur et Valéry Giscard d’Estaing et les candidats seront au complet…"

Dans cette joute où les programmes passent souvent au second plan, c’est Alain Juppé qui demeure le grand favori des instituts d’opinion. Mais l’entrée en campagne tonitruante de Nicolas Sarkozy semble lui avoir été favorable. Ainsi, selon un sondage TNS Sofres dévoilé dimanche, l’ancien chef de l’Etat, jusqu’alors distancé, ferait désormais jeu égal avec Juppé au premier tour (34 % chacun), devant Le Maire (17 %) et Fillon (9 %). Au second tour, le maire de Bordeaux l’emporterait cependant largement (55 % contre 45 %). Les trois mois de campagne s’annoncent musclés, avant la désignation du vainqueur, le 27 novembre. Il faudra alors songer à recoller les morceaux.

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