Ce que l'on sait au lendemain de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray

Un jeune tueur de 19 ans, Adel Kermiche, connu des services antiterroristes mais libéré sous bracelet électronique, "une piste privilégiée" pour l'identité du second assaillant : le point de l'enquête au lendemain de l'assassinat d'un prêtre dans une église en France, et la recherche d'éventuels contacts en Syrie.

AFP

Un jeune tueur de 19 ans, Adel Kermiche, connu des services antiterroristes mais libéré sous bracelet électronique, "une piste privilégiée" pour l'identité du second assaillant : le point de l'enquête au lendemain de l'assassinat d'un prêtre dans une église en France, et la recherche d'éventuels contacts en Syrie.

"Une piste privilégiée" pour le second assaillant

L'identification du second auteur de l'attaque, dont le visage a été défiguré lorsque la police l'a abattu, était toujours en cours mercredi en milieu de journée, mais "une piste est privilégiée", selon des sources proches de l'enquête. Une carte d'identité au nom d'Abdel Malik P. a été retrouvée mardi lors d'une perquisition au domicile familial d'Adel Kermiche et "plusieurs éléments laissent à penser qu'il s'agit du deuxième assaillant", a précisé une de ces sources.

Abdel Malik P., 19 ans également, originaire de l'est de la France, n'avait pas fait l'objet de condamnations et la justice ne disposait donc pas de ses empreintes ni de son ADN, ce qui retarde son identification formelle.

Comment Adel Kermiche a-t-il trompé la justice?

Le jeune homme avait été mis en examen (inculpé) et placé sous contrôle judiciaire dès mars 2015 pour avoir tenté de rejoindre la Syrie. Après une seconde tentative, en mai 2015, vers les terres du jihad, Kermiche, de nouveau mis en examen, est incarcéré. "Il semble qu'il se soit encore davantage radicalisé lors de ce séjour en prison", selon une source proche de l'enquête.

Le 18 mars dernier, une juge antiterroriste décide de libérer et de l'assigner à résidence sous surveillance électronique. Selon une source proche du dossier, Adel Kermiche a assuré à la magistrate regretter ses tentatives de départ. "J'ai envie de reprendre ma vie, de revoir mes amis, de me marier", plaide-t-il alors, affirmant ne pas être un islamiste radicalisé et évoquant des projets professionnels. Pour la juge, le jeune homme "a pris conscience de ses erreurs".

Le parquet fait appel pour qu'il reste en prison. Le procureur s'inquiète de sa "réelle détermination" à partir combattre aux côtés des groupes jihadistes et estime qu'il faut "éviter toute concertation" entre Kermiche et d'autres protagonistes actuellement en Syrie, selon une source proche du dossier.

Mais la cour d'appel ne suit pas ces recommandations : Kermiche sort de prison, est assigné à résidence chez ses parents, équipé d'un bracelet électronique. Il ne peut quitter son domicile qu'entre 08H30 et 12H30 en semaine, un créneau horaire durant lequel il a perpétré, mardi, avec son complice, la prise d'otages au cours de laquelle le prêtre Jacques Hamel a été égorgé.

Des complicités?

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué l'assassinat, présentant les deux assaillants comme ses "soldats". Ont-il été directement mandatés depuis la Syrie ou ont-ils agi par mimétisme, répondant aux nombreux appels au meurtre de l'EI? Ont-ils pu bénéficier de soutiens en France pour préparer leur action? Les assaillants n'avaient sur eux que trois couteaux, un pistolet inopérant et des engins explosifs factices.

Un mineur de 16 ans, né en Algérie et interpellé mardi, était toujours en garde à vue mercredi. Son frère fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour être parti dans la zone irako-syrienne le 29 mars 2015 avec les papiers d'identité de Kermiche. Le mineur, "assigné à résidence", "en fin de semaine dernière", ne semble pas à ce stade avoir de lien avec l'attaque, selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Son frère aurait-il pu jouer un rôle depuis la Syrie?

Les investigations ont démontré que "des personnes proches de Kermiche ont tenté de partir dans ce pays ou sont déjà sur zone", selon une source proche de l'enquête.

Plusieurs jihadistes dans le viseur de la justice sont originaires de la même région que Kermiche, la normandie, notamment Maxime Hauchard, un converti à l'islam identifié fin 2014 comme l'un des bourreaux de l'EI, qui a grandi à une dizaine de kilomètres de Saint-Etienne-du-Rouvray. Aucun lien n'a été établi à ce stade entre Hauchard et les auteurs de la prise d'otages.

Le matériel informatique et téléphonique saisi au cours des perquisitions est en cours d'exploitation.

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