Etre catholique en... (2/6) : Les catholiques, dans l’ombre de l’église orthodoxe russe
La paroisse Saint-Louis-des-Français de Moscou se trouve à deux pas du Kremlin, tout près du siège imposant du Service fédéral de sécurité. Il s’agit de la première église catholique construite à Moscou vers la fin du XVIIIe siècle.
- Publié le 27-07-2016 à 13h50
- Mis à jour le 31-07-2016 à 21h11
La paroisse Saint-Louis-des-Français de Moscou se trouve à deux pas du Kremlin, tout près du siège imposant du Service fédéral de sécurité. Il s’agit de la première église catholique construite à Moscou vers la fin du XVIIIe siècle. Pendant le XIXe siècle, deux autres églises ont été construites à Moscou mais après la révolution d’Octobre elles ont été fermées comme la plupart des églises orthodoxes.
Gleb Enson, 30 ans, un des membres de cette paroisse, nous a avoué que son choix de religion n’est pas lié à la tradition familiale ni à une préférence personnelle. "Mon père qui était officier de marine nationale à Kamtchatka a pris sa retraite en 1990, explique-t-il. Nous nous sommes installés à Vinnitsa en Ukraine. Papa a créé une petite entreprise de matériaux de construction et c’est ça qui a déterminé son choix religieux. Un jour il a fait la connaissance d’un prêtre catholique polonais venu en Ukraine pour restaurer l’église catholique de Gnivan. Ils se sont liés d’amitié et c’est grâce au père Yatsek que mon père, élevé dans l’esprit ‘d’athéisme scientifique’, a découvert les vertus de la religion catholique. Deux ans après, j’ai été baptisé, avec toute notre famille, à l’âge de 7 ans."
Le nombre de catholiques en Russie est approximativement évalué à 500 000 dont 100 000 habitent Moscou. Parmi ces derniers, la moitié sont des étrangers dont le séjour est provisoire.
Les messes catholiques dispersées
Analyste financier dans une des banques de Moscou, Gleb Enson ne se considère pas comme un catholique exemplaire. Il va à la messe au minimum deux fois par mois mais son zèle religieux s’arrête là. Il se souvient du temps où l’activité des prêtres catholiques en Russie se heurtait toujours à des difficultés. Quand sa famille est venue vivre en Russie à Severodvinsk, c’est par hasard que son père a réussi à découvrir l’existence à Arkhangelsk d’une paroisse catholique minuscule dirigée par un prêtre polonais. L’administration de la ville refusait à la paroisse l’usage des bâtiments, même désaffectés, et envoyait les forces de l’ordre pour disperser toute tentative des catholiques d’organiser une messe dans un club. Par contre, cette même administration favorisait les adeptes de Krishna au point de leur faire don de la maison des prières.
Une rencontre qui a changé la donne
Mais aujourd’hui, comment un catholique se sent-il dans un milieu dominé par les chrétiens orthodoxes ? Selon Gleb Enson, depuis la rencontre à Cuba du pape François et du patriarche Cyrille, les deux églises mettent l’accent dans leurs relations sur leur loyauté mutuelle et cela a considérablement amélioré le climat local.
Toutefois, il faut tenir compte du fait que ces derniers temps la religion orthodoxe joue de facto le rôle de la religion d’Etat, ce qui met les autres confessions au second plan. "Certes, ça n’a rien changé dans les relations avec mes amis orthodoxes, dit M. Enson. Mais en dehors de mon entourage habituel il m’arrive parfois de tomber sur une attitude agressive du genre ‘tous les prêtres catholiques sont des pédophiles’ ou sur une totale ignorance du fait que les catholiques sont chrétiens tout comme les orthodoxes. Ce que je peux reprocher à mes amis orthodoxes c’est l’absence de tout intérêt pour l’histoire de l’Eglise et surtout pour la Bible. Tout chrétien doit porter une responsabilité morale mais aussi intellectuelle et veiller à ce que sa religion ne devienne pas synonyme d’ignorance et d’obscurantisme."