Des médias français décident de ne plus diffuser les photos des terroristes

Pour les experts du djihadisme, cacher ces images n’est pas la bonne solution.

Temps de lecture: 2 min

Certains médias français ont décidé de ne plus dévoiler les photos des auteurs d’attentats. C’est le cas du Monde, de BFM TV et d’Europe1 qui l’ont annoncé au lendemain de l’attaque dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray (en Seine-Maritime).

Les médias français s’expliquent

« Nous voulons éviter de faire une mise en avant involontaire de ces gens, avec des photos qui, de plus, sur l’antenne d’une chaîne d’information en continu, reviennent plusieurs fois dans la journée, expliquait le directeur de la rédaction de BFM TV. Nous voulons aussi éviter de mettre les terroristes au même niveau que les victimes, dont nous diffusons des photos, comme celle du prêtre Jacques Hamel tué mardi à Saint-Etienne-du-Rouvray. »

De son côté, le directeur du Monde a affirmé dans un édito que « depuis l’apparition du terrorisme de l’organisation Etat islamique, « Le Monde » a plusieurs fois fait évoluer ses usages. Nous avons notamment décidé de ne plus publier d’images extraites des documents de propagande ou de revendication de l’EI. À la suite de l’attentat de Nice, nous ne publierons plus de photographies des auteurs de tueries, pour éviter d’éventuels effets de glorification posthume. D’autres débats sur nos pratiques sont en cours. »

A son tour, Europe1 a annoncé que les noms des auteurs d’attentats ne seront plus cités à l’antenne.

Le risque de favoriser les théories du complot

Alors faut-il cacher ces visages au grand public ? Du côté des experts du djihadisme, on n’est pas d’accord avec la décision des médias.

« Les théories du complot vont déjà bon train. Si on cache les photos ou les identités des auteurs d’attentat, c’est leur ouvrir encore plus la porte », défend Wassim Nasr.

Le spécialiste David Thomson est du même avis. « Une autocensure des médias dans le traitement des attentats pourrait favoriser déni et complotisme », a-t-il réagi ce mercredi sur son compte Twitter.

« Le processus d’héroïsation se fait lui aussi au sein de la djihadosphère. Elle compte déjà de nombreux héros que le grand public ne connaît pas. Certes, les médias de masse amplifient ce phénomène, mais l’essentiel ne se joue pas là », expliquait-il à Libération le 21 juillet dernier.

« Le fait de diffuser nom et portrait des terroristes n’a aucune incidence sur le rythme des attentats », conclut-il.

 

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