Un avocat belge au procès Gbagbo

Jugés pour crimes contre l’humanité, l’ancien président ivoirien et son ministre Blé Goublé comparaîtront plusieurs années.

Ju. B.
Former Ivory Coast president Laurent Gbagbo arrives for the start of his trial at the International Criminal Court in The Hague on January 28, 2016. The high-profile trial of former Ivorian president Laurent Gbagbo opened on January 28, 2016 five years after post-election violence wracked his nation, with supporters and foes aiming to shed light on the turmoil that left 3,000 dead. / AFP / POOL / Peter Dejong / Netherlands OUT
Former Ivory Coast president Laurent Gbagbo arrives for the start of his trial at the International Criminal Court in The Hague on January 28, 2016. The high-profile trial of former Ivorian president Laurent Gbagbo opened on January 28, 2016 five years after post-election violence wracked his nation, with supporters and foes aiming to shed light on the turmoil that left 3,000 dead. / AFP / POOL / Peter Dejong / Netherlands OUT ©AFP

Jugés pour crimes contre l’humanité, l’ancien président ivoirien et son ministre Blé Goublé comparaîtront plusieurs années. Trois jours après le début du procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goublé pour crimes contre l’humanité devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye (Pays-Bas), les grands axes de l’audience sont tracés.

Parmi l’équipe qui défend Blé Goublé, ancien ministre de la Jeunesse en Côte-d’Ivoire, se retrouve Me Seri Zokou, avocat au barreau de Bruxelles. L’homme a intégré il y a neuf mois une équipe de défense constituée de huit collaborateurs, dont quatre avocats, sous la houlette du Néerlandais Alexander Knoops.

C’est un long chemin qui l’attend ces prochains temps. Le procès des deux hommes est prévu pour durer trois à quatre années. Et pour cause. Le dossier est riche d’environ 10.000 pièces. 138 témoins sont cités par le procureur de la CPI, plusieurs dizaines par la défense. "J’organise aujourd’hui ma carrière autour de ce dossier. Je suis obligé d’être à demeure. Nous avons pris un appartement là-bas avec des confrères du barreau d’Abidjan", explique cet avocat formé à Liège et spécialisé dans les dossiers internationaux.

Il s’agit de son premier dossier devant la CPI. Un dossier gigantesque, qui s’inscrit dans un contexte international et a donné lieu à une crise majeure, en 2010 et 2011, qui a provoqué 3.248 morts, selon un rapport de la Commission d’enquête nationale mise en place après l’investiture de l’opposant de Laurent Gbagbo, l’actuel président, Alassane Ouattara.

Les deux premières journées d’audiences ont permis d’achever les déclarations d’ouverture, soit la présentation par toutes les parties du procès des grandes lignes de leur stratégie.

Selon Me Zokou, ces premiers jours sont "une satisfaction. Il n’y a rien de nouveau dans le dossier de l’accusation. Pas d’écoutes, de photos ou d’enregistrements, simplement un raisonnement intellectuel. Selon nous, il n’y a pas, dans ce dossier, de quoi condamner M. Blé Goublé. De plus, le monde a eu accès à notre vérité et notre client a pu faire une longue déclaration", indique-t-il hier, à l’issue de l’audience.

La défense a également tancé le rôle de la France. Me Emmanuel Altit, avocat de Laurent Gbagbo, affirme que Paris aurait conduit "en sous-main" la chute de Laurent Gbagbo, accompagné par le Burkina Faso, "bras armé de la France en Afrique de l’Ouest."

Un autre avocat du barreau de Bruxelles défend les intérêts de Laurent Gbagbo : il s’agit de Me Sylvain Dakouri Tapi. Celui-ci n’intervient cependant pas lors du procès devant la Cour pénale internationale.

Un témoin anonyme décrit des scènes de viols et de meurtres

Il s’agit du premier témoin à être entendu, sous couvert d’anonymat, par la Cour pénale internationale, à La Haye. Cet homme, désigné comme le "témoin protégé p-547", a décrit des scènes d’horreur, à l’audience. Il se trouvait au cœur de la foule partisane de l’actuel président, Alassane Ouattara, alors opposant féroce à Laurent Gbagbo, qui se préparait à manifester devant la Radio Télévision ivoirienne à Abidjan.

Selon l’accusation, les forces sous le contrôle de Laurent Gbagbo avaient ouvert le feu sur la foule non armée, provoquant la mort de 45 personnes. Ces hommes auraient également violé 16 femmes et blessé 54 personnes.

"Ceux que j’ai vu tirer, ce sont les gendarmes", a assuré ce témoin, lors de l’audience, dans sa langue natale, le dioula, et la voix masquée par un logiciel. "Je ne suis qu’un civil, je ne suis pas un militaire, nous étions de simples marcheurs." Alors chauffeur de camions, ce témoin, qui se présente comme musulman, était militant "depuis 10 ans"du RDR, le parti d’Alassane Ouattara.

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