Acheampong: "Ne reviens pas de Molenbeek en pièces !"
Frank Acheampong explique combien le Ghana a peur que sa star ne soit la victime d’un attentat. Interview.
- Publié le 26-11-2015 à 06h57
- Mis à jour le 26-11-2015 à 12h56
Frank Acheampong explique combien le Ghana a peur que sa star ne soit la victime d’un attentat. Frank Acheampong a vécu deux ans à Bangkok. Jamais la famille du Ghanéen ne s’était inquiétée comme elle l’a fait ces derniers jours. "Depuis peu, j’habite Molenbeek", précise le gaucher qui sera sans doute sur le banc ce jeudi à Monaco. "Dans le monde entier, on ne parle que de cela à la télé. C’est normal que tout le monde s’inquiète au Ghana."
Que vous disent-ils ?
"Que je dois rentrer au pays. In peace, and not in pieces. En paix, et non pas en pièces. (rires) Je leur dis que je ne peux pas. C’est mon travail. Qui aurait cru qu’on vivrait cela en Europe ? Et surtout en Belgique ?"
Lukaku veut que sa famille déménage et quitte Molenbeek.
"Il a bien raison. Mais moi, je viens d’emménager à Molenbeek. Je ne vais quand même pas repartir directement ? Je verrai bien comment les choses évoluent."
Avez-vous peur ?
"C’est un peu dangereux, mais je suis dans les mains de Dieu. Vous avez vraiment un pays fou. La veille du départ à Monaco, je regardais par la fenêtre de mon appartement. Il y avait une patrouille de la police qui s’arrêtait devant mon immeuble. Je n’ai pas vu d’arrestations, mais ça fait bizarre. On se croirait dans un film."
Le ministre de l’Intérieur veut contrôler toutes les maisons sur le territoire de Molenbeek.
"La police est la bienvenue, chez moi. Ils peuvent faire une perquisition, ils ne trouveront rien."
Osez-vous encore sortir ?
"De toute façon, je ne sors jamais de chez moi. Sauf pour aller au supermarché. Maintenant, ils sont tous fermés. Il faut donc soit mourir de faim, soit faire ses courses à Anvers ou à Gand."
Avez-vous des amis à Paris ?
"Oui, je leur ai dit d’être prudents. La femme de Mbemba habite encore Paris avec leurs deux filles. J’ai eu Chancel au téléphone, il n’est pas à son aise."
Avez-vous souvent vu des gars dont vous vous demandiez s’ils étaient des terroristes ?
"Non. Mais de toute façon, il ne faut pas se fier aux apparences."
C’est le monde à l’envers. On croyait que l’Afrique était plus dangereuse.
"Sauf mon pays. Au Ghana, il n’y a jamais de violence. On s’attendait à avoir des problèmes lors des élections, mais ce n’était même pas le cas."
Aviez-vous peur de monter dans l’avion vers Nice ? Ou aurez-vous peur de monter sur le terrain à Monaco ?
"Non. De toute façon, un attentat peut se produire à n’importe quel moment. Seul Dieu peut nous protéger."
"L’OM aurait été un club pour moi"
Il n’a joué que 21,6 % du temps : "Si le club veut me vendre, je suis d’accord".
Sportivement, les choses ne vont pas très bien non plus pour Acheampong. Sans compter le match de Coupe contre Spouwen-Mopertingen, il a joué 21,6 % du temps de jeu. "Ce sont de très mauvaises stats ", dit-il, en se cachant le visage. "Je pensais que je jouerais beaucoup, cette saison."
Ce soir, il ne sera sans doute pas titulaire non plus à Monaco. Il a perdu du crédit à Tottenham. "Moi, je trouve que j’y ai fait mon boulot. Je n’ai pas vraiment reçu des bonnes transversales afin de faire mes actions."
Lors du match aller contre les Anglais, sa montée au jeu était pourtant spectaculaire. "Là, je pensais que j’étais lancé. Surtout quand Obradovic s’est blessé, je me suis dit que je prendrais sa place. Le coach a opté pour Fabrice. À moi de ne pas baisser les bras."
Lors du dernier mercato, Acheampong était presque transféré. Marseille était un des clubs intéressés. "Cela aurait été un bon club pour moi, avec des fans passionnés. J’ai entendu par après que tout avait capoté à cause de mon mauvais match à Ostende. On ne se base quand même pas sur un match ?"
Acheampong n’exclut pas un départ en janvier. "C’est la direction qui décidera si le moment est opportun." Mais son prix de 3 millions ne baissera pas. Acheampong :"Alors, il faut me laisser jouer plus souvent..." (rires)