Attentats à Paris: Aigles à cœurs ouverts (vidéo)
Eagles of Death Metal, qui était sur la scène du Bataclan le 13 novembre, offre son témoignage.
- Publié le 26-11-2015 à 06h16
- Mis à jour le 27-11-2015 à 12h44
C’est la première fois qu’ils s’expriment depuis cette terrible soirée. Jesse Hugues et les siens ont décidé de se confier au magazine "Vice" pour donner leurs versions des attentats survenus au Bataclan il y a déjà deux semaines. Les Américains foulaient les planches de la salle de concert parisienne quand les terroristes ont fait irruption et feu sur les 1500 personnes qui se pressaient au pied de la scène.
Une interview filmée d’une bonne vingtaine de minutes a donc fait son apparition mercredi sur la toile. Nous le savions, cela avait été annoncé. De manière nauséabonde d’ailleurs, au moyen d’un teaser racoleur et à grand renfort d’effets pour attiser la curiosité. Mais si l’on peut s’interroger sur la méthode employée par le média montréalais pour diffuser cette vidéo, et sa conception américaine qui ne lésine pas sur le pathos, les témoignages qu’elle renferment sont poignants. On en sort secoués.
C’est le morceau "Kiss The Devil" qui résonnait dans l’antre quand tout a basculé. Ce titre et le nom de la formation - Eagles of Death Metal - ont suffi à bien des ignorants pour emprunter d’absurdes raccourcis. On a tout lu à l’encontre du groupe : "fanatique", "sataniste", "sodomite", "accros aux armes à feu"… En réalité, une bande de joyeux drilles californiens à moustaches, amateurs de bières, de guitares, de bluegrass et de blagues potaches. Dont le leader se dit ouvertement républicain certes, ce qui est mal vu dans les couloirs du rock mais n’est pas synonyme de pacte avec le mal, jusqu’à preuve du contraire. Difficile d’ailleurs de les imaginer suppôts de Satan quand on voit ces grands gaillards tatoués les mains tremblantes qui fondent en larmes.
"L’odeur de poudre à canon"
Pour cette interview, Jesse Hughes, Dave Catching, Matt McJunkins et Julian Dorio ont convié leur ami Josh Homme, cofondateur du groupe et par ailleurs leader de Queens of the Stone Age. Il n’était pas présent le 13 novembre, mais c’est la première personne qu’ils ont contactée dans la tourmente. Les quatre membres et leur ingé-son refont le fil des événements, des premières déflagrations à la fuite, en passant par la quête des proches. Le sang, les blessés, les corps qu’il fallut enjamber, l’eau qui montait (suite à l’explosion d’une canalisation), cette bouteille de champagne brandie comme "seule arme"… Jesse Hugues raconte comment il a cherché un temps sa copine Tuesday dans la foule, comment les gens jouaient les boucliers pour protéger les leurs, et l’histoire de ce gamin qui a survécu dans les loges en se cachant sous la veste en cuir du chanteur…
Profondément marqués par ce qu’ils ont vécu, les Eagles of Death Metal mettront sans doute longtemps à s’en remettre. Mais Hugues l’a déclaré : "J’ai hâte de revenir à Paris. J’ai hâte d’y jouer. Je veux que nous soyons le premier groupe à jouer au Bataclan quand il rouvrira." Ils seront déjà de retour en France à Nismes en février. N’en déplaise à Lenny Kravitz, le rock’n’roll ne meurt jamais.