Nouvelle séance agitée à la Chambre

L'opposition a rendu le gouvernement belge coresponsable de la situation économique actuelle en Grèce. L'opposition a également dénoncé une nouvelle fois le dépôt tardif d'une dizaine de nouvelles propositions de lois et autant de demandes d'examen dans l'urgence y compris dans le chef du gouvernement.

Belga
Nouvelle séance agitée à la Chambre
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La Chambre a été le théâtre jeudi d'un nouveau débat enflammé sur la Grèce, l'opposition rendant le gouvernement belge coresponsable de la situation économique actuelle de ce pays, la majorité dénonçant un effet girouette dans le chef des socialistes de l'ex-Premier ministre Di Rupo. "Vous et vos collègues êtes responsables de la situation très grave dans laquelle se trouve la Grèce que vous maltraitez", a lancé à l'adresse du Premier ministre Charles Michel le député sp.a Dirk Van der Maelen, dénonçant l'action des dirigeants européens abandonnant Athènes aux mains de "technocrates qui préfèrent les chiffres aux gens".

Dans les rangs de la majorité, on s'est étonné de cette prise de position dans le chef de socialistes qui ont retrouvé les bancs de l'opposition il y a un an. Un député de l'opposition disait récemment que le PS faisait campagne comme Ecolo, gouvernait comme le MR et menait l'opposition comme le PTB, "la preuve en a été faite cet après-midi", a réagi Charles Michel alors que les socialistes francophones étaient venus appuyer le propos de M. Van der Maelen.

"Le gouvernement précédent avait réussi à résister aux diktats, celui-ci est soumis, incapable de résister" à Mme Merkel, a réagi Stéphane Crusnière (PS) invitant le politique à reprendre le dossier en main.

Georges Gilkinet (Ecolo) et Meyrem Almaci (Groen) ont observé l'attitude des anciens partenaires socialistes et libéraux, regrettant ces querelles politiques internes sur le dos des Grecs. "La question du moment est la sortie de l'austérité de l'Europe", a dit le député Ecolo.

Mais pour le Premier ministre Charles Michel et sa majorité, la responsabilité est dans le camp du gouvernement Tsipras qui semble selon eux se trouver dans l'impossibilité de prendre des engagements, des actes concrets permettant la réalisation des réformes nécessaires au pays. "M. Tsipras joue avec le feu, ça c'est la réalité", a dit le chef du gouvernement belge. Et "dimanche, les Grecs ont l'occasion de dire qu'ils méritent mieux que le gouvernement Tsipras", a appuyé le chef de groupe Open Vld Patrick Dewael.

Les libéraux et le CD&V ont souligné que les socialistes calquaient leur discours sur celui du PTB, Raoul Hedebouw dénonçant lui une "tentative de déstabilisation d'un gouvernement démocratique" en Grèce, une perspective qu'il croyait révolue. Les libéraux ont opposé les discours de l'opposition à ceux de sociaux-démocrates "responsables" comme Jeroen Dijsselbloem (président de l'Eurogroupe), Pierre Moscovici (commissaire européen au Budget) et Sigmar Gabriel, ministre allemand et vice-président du SPD, le parti socialiste allemand.

Mais pour Stéphane Crusnière, c'est "la Belgique qui a perdu, avec ce gouvernement, toute crédibilité à défendre l'Europe", une Europe, "perdante avec sa logique intergouvernementale" quel que soit le résultat du référendum de dimanche.

Nouveau chahut à la Chambre

La séance de la Chambre s'est achevée jeudi dans un nouveau moment de tensions, et de flottement dans la majorité, une semaine après un report de votes par manque de députés. Jeudi, les députés de la majorité ont assuré le quorum mais l'opposition a une nouvelle fois dénoncé le dépôt tardif d'une dizaine de nouvelles propositions de loi et autant de demandes d'examen dans l'urgence y compris dans le chef du gouvernement. La tension est montée à son paroxysme quand la majorité a tenté d'obtenir l'urgence sur un premier projet de loi de réforme de la Justice dit "pot pourri 1" alors que l'opposition avait scellé un accord avec la majorité pour avancer dans des délais raisonnables sur ce texte sans que l'urgence soit invoquée. L'opposition s'était notamment engagée à ce qu'il puisse être publié au Moniteur avant le 23 octobre, une disposition devant permettre le report du délai de prescription dans l'affaires des Tueries du Brabant.

Finalement, la bronca de l'opposition aura eu raison du ministre de la Justice Koen Geens qui a fini par retirer la demande d'urgence après quelque atermoiement sur les bancs de la majorité.

Lors de ces débats et votes de procédure, l'urgence a également été accordée aux trois propositions de résolution (de la majorité et de l'opposition) visant à la reconnaissance du génocide arménien. L'examen des textes débutera mardi en commission. En revanche, la proposition de loi d'Olivier Maingain (FDF) visant à étendre aux génocides arménien et des Tutsis la législation punissant le négationnisme ne bénéficiera pas du même traitement de faveur, la majorité s'y refusant.

Nouvelles tensions entre le CD&V et la N-VA

L'heure des questions parlementaires jeudi à la Chambre a permis d'observer de nouvelles tensions entre le CD&V et la N-VA, deux ministres nationalistes se retrouvant dans le collimateur d'élus chrétiens-démocrates. Le député Veli Yüksel (CD&V) a pressé le ministre de la Défense Steven Vandeput (N-VA) de sortir son plan stratégique qui se fait attendre depuis des mois. "Vous rendez difficile une prise de décision politique", lui a-t-il dit, rappelant qu'il y allait notamment de "l'avenir de milliers de militaires qui sont inquiets". Selon lui, "le temps presse", y compris dans le contexte des engagements vis-à-vis de partenaires internationaux, à l'Otan, au sein de l'Union européenne ou auprès de l'ONU. "Plus on attend, plus l'image de la Belgique risque de s'abîmer", a-t-il averti. "On a toujours besoin d'un budget pour cuisiner mais exiger un chèque en blanc du gouvernement, cela ne va pas, cela ne se fait pas non plus dans d'autres départements", a ajouté Veli Yüksel.

Le ministre a rappelé l'état de la situation, disant attendre dans les prochaines semaines une décision du gouvernement après sa proposition de plan à moyen terme et le retour des différents rapports des groupes de travail. La députée N-VA Karolien Grosemans qui l'interrogeait également, est venue au secours du ministre en renvoyant la balle au gouvernement. Elle a lancé un appel à la bonne volonté des "partenaires de la coalition, le MR, l'Open Vld et le CD&V".

Autre moment de tensions entre les formations, quelques minutes plus tard, c'est le député Stefaan Vercamer (CD&V) qui a pressé le ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) de trouver des compensations alors que des milliers de pensionnés et invalides ont vu leurs revenus diminuer à la suite de l'application des barèmes fiscaux sur la revalorisation de leur pécule de vacances. "Le ministre s'était pourtant engagé à trouver rapidement une solution. Il ne semble pas se presser alors que ces gens s'apprêtent également, comme d'autres, à partir en vacances", a ensuite dénoncé le député CD&V dans un communiqué. Il a donné deux semaines au ministre des Finances pour trouver une solution.

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