Qui remplacera Mgr Léonard à Malines?
Le primat de Belgique quittera ses fonctions le 6 mai. La succession reste ouverte.
- Publié le 26-04-2015 à 11h21
Triste fin de mandat pour l’archevêque de Malines-Bruxelles avec la condamnation par la Cour d’appel de Liège d’André-Joseph Léonard, reconnu coupable d’être resté passif lorsqu’on lui avait fait part des égarements coupables d’un de ses clercs. Pas vraiment de quoi lui remonter le moral à quelques jours de l’envoi de sa lettre de démission au pape François, le 6 mai prochain, soit le jour où il entrera dans sa 76 e année.
La décision judiciaire de Liège ne devrait cependant en rien interférer directement dans le choix de son successeur. Mais du côté de Rome, certains pourraient y trouver prétexte à accélérer le tempo.
Pour rappel, la "tolérance zéro" est totalement de mise désormais au Vatican, y compris pour les évêques qui se sont rendus coupables d’avoir couvert même très indirectement des prêtres déviants.
Pas plus tard que cette semaine, le Pape a accepté la démission, ce mardi 21 avril, de Mgr Robert Finn, archevêque de Kansas City-St. Joseph, dans le Missouri, un Etat du centre des Etats-Unis. En septembre 2012, l’évêque a été reconnu coupable et condamné à deux ans de liberté surveillée pour n’avoir pas signalé un cas de pédopornographie après la découverte en décembre 2010 d’images obscènes d’enfants sur un ordinateur portable appartenant à un prêtre de son diocèse.
Six noms, une "terna"
Cela dit, les supputations vont bon train dans les milieux ecclésiaux à propos de la désignation du successeur de Mgr Léonard atteint par la limite d’âge imposée aux évêques. Sans surprise, les noms évoqués depuis des mois sinon des semaines reviennent toujours à l’avant. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils figurent nécessairement dans la "terna", la liste de trois noms que le nonce apostolique doit soumettre au Pape et aux responsables de la Congrégation pour les évêques.
Et quand bien même, Rome n’est pas obligé de suivre cette liste. Ce qui fut le cas lors de la désignation du cardinal Danneels au siège de Malines-Bruxelles comme l’avait révélé le nonce de l’époque après sa retraite, l’actuel cardinal Karl-Josef Rauber…
L’évêque d’Anvers en pole position
Cela dit, les noms qui reviennent avec le plus d’insistance sont toujours ceux de l’actuel évêque d’Anvers, Mgr Johan Bonny et de celui de Bruges, Mgr Jozef De Kesel. S’ils sont tant cités, c’est notamment parce qu’en principe à un archevêque francophone devrait de nouveau succéder un archevêque néerlandophone.
Mais cet argument d’alternance linguistique se heurte à une possible exception… communautaire : André-Joseph Léonard n’a "régné" que pendant cinq ans, ce qui est très peu comparable par exemple aux quelque trente ans de présence de Godfried Danneels.
Dans ce cas, un nouvel archevêque serait encore francophone. Ici, on évoque généralement les évêques de Liège et de Tournai. Mgr Jean-Pierre Delville, celui de la Cité ardente, a l’avantage d’avoir le profil parfait voulu par l’actuel Pape. Reste qu’il faudrait déjà lui trouver un successeur après à peine deux ans d’installation.
On cite aussi l’évêque de Tournai, Guy Harpigny, qui a l’avantage d’avoir été un des deux évêques référendaires qui s’est occupé à bras-le-corps des dossiers de pédophilie. Il s’en est bien acquitté et il fut aussi à la base d’un synode diocésain qui a dû, lui aussi, plaire au grand décentralisateur qu’est le pape François.
Parmi les autres évêques déjà en place, d’aucuns pensent à Mgr Léon Lemmens, l’évêque auxiliaire du Brabant flamand qui a récemment encore brillé dans un dialogue interreligieux après les attentats islamistes à la Chapelle pour l’Europe à Bruxelles.
Pour le reste, rien n’exclut, comme cela s’est déjà très souvent vu aussi, la désignation d’un outsider peu connu mais qui aurait ses entrées en haut lieu. Le "hic" est que Saint-Pierre et ses environs ne regorgent plus de telles personnalités de chez nous bien en cour dans la Curie.
