Il va devoir payer près de 2000 euros... car il ne parle pas néerlandais
Une redevance non payée de 30 € va coûter plus de 2.000 € à J.-M. Martin. "On m’interdit de me défendre dans ma langue", s'insurge-t-il. Explications d'une situation aberrante.
- Publié le 31-10-2014 à 08h06
Une redevance non payée de 30 € va coûter plus de 2.000 € à J.-M. Martin. En juin 2013, en allant passer une journée à Nieuport, Jean-Marie Martin, 57 ans, n’aurait jamais pu imaginer qu’il allait être au centre de problèmes judiciaires et linguistiques. En revenant à sa voiture ce jour-là, il avait découvert que la zone était devenue payante. Une redevance parking de 30 € avait donc été déposée sur son pare-brise.
"Ce qui est dans un premier temps scandaleux, c’est qu’aucun panneau ne le signalait. De plus, cela fait dix ans que je me garais à cet endroit. J’ai donc envoyé deux mails à la société ParkeerBedrijk Nieuwpoort qui sont restés sans réponse. Mon troisième mail a enfin été pris en compte et on m’a répondu en néerlandais", explique Jean-Marie Martin.
Ce dernier a par la suite rapidement reçu une lettre d’un huissier de justice qui l’invitait à comparaître devant un juge de paix à Nieuport en juin 2014 suite au non-paiement des 30 €. "Comme je m’estimais en droit, j’ai contacté ma compagnie d’assurances pour qu’elle me défende. Malheureusement, j’ai été confronté à un refus puisque je faisais face à un litige privé."
Les véritables problèmes ont alors commencé en juin dernier pour Jean-Marie Martin. "J’étais donc sans avocat et quelle a été ma surprise quand le juge m’a dit qu’il pouvait s’exprimer en français mais qu’il ne le ferait pas ! Ne parlant pas le néerlandais, j’ai donc demandé à être assisté d’un interprète, ce qui m’a également été refusé ! On m’a expliqué mes droits en néerlandais. Comment pouvais-je comprendre si je ne parle pas la langue ?"
Jean-Marie a dû déposer un dossier, uniquement pris en compte s’il était rédigé en néerlandais. Il a donc dû s’aider d’une personne qui a traduit ses écrits.
Notre interlocuteur a été cité à comparaître le 27 janvier prochain, toujours devant le juge de paix de Nieuport. "En attendant, j’ai reçu le dossier de conclusion de l’avocat de la partie adverse, Me De Bie. Si la première page du dossier, de plus de quarante pages, est en français, tout le reste est retranscrit en néerlandais une nouvelle fois."
Cette situation est un véritable cauchemar pour Jean-Marie Martin. "Je suis dans mon propre pays et on ne me permet pas de me défendre. Je suis amené à perdre ce procès puisque mes propos en français ne seront pas tenus en compte. Pour 30 € non payés, je vais certainement devoir m’en acquitter de plus de 2.000 €…" Il ne compte pas en rester là et va faire appel au Centre pour l’égalité des chances. "J’irai jusqu’à la Cour des droits de l’homme s’il le faut !"