Édito: Le CD&V, Reynders et les cacahuètes
Tous les commentaires convergent. Si le CD&V avait adopté, depuis le début des négociations, une attitude plus constructive, plus raisonnable, plus modeste, le commissaire européen belge aurait été désigné depuis belle lurette. Mais le parti vit toujours dans le souvenir de sa grandeur d’antan. Un édito signé Francis Van de Woestyne.
- Publié le 02-09-2014 à 21h53
- Mis à jour le 03-09-2014 à 08h47
Un édito signé Francis Van de Woestyne.
Tous les commentaires convergent. Si le CD&V avait adopté, depuis le début des négociations, une attitude plus constructive, plus raisonnable, plus modeste, le commissaire européen belge aurait été désigné depuis belle lurette. Mais le parti vit toujours dans le souvenir de sa grandeur d’antan.
A l’époque, le CVP de Léo Tindemans, de Wilfried Martens avait des ambitions politiques gigantesques. Le poste de Premier ministre lui était réservé, quoi qu’il arrive. Et le parti social-chrétien flamand a loti, pendant longtemps, une grande partie des hautes sphères de l’administration.
Alors, on trouvait cela normal. Ou presque. Car ces ambitions coïncidaient avec une force politique réelle, parfois supérieure à 40 %. Et il faut admettre que le parti social-chrétien flamand a fourni à la Belgique des hommes politiques de tout premier plan, de vrais serviteurs de l’Etat, passionnés par le bien commun.
Le CD&V de 2014 n’a plus grand-chose de commun avec le CVP de 1980. Pourtant le parti de Kris Peeters, Wouter Beke et consorts agit toujours comme si son influence était intacte. Or, le parti est le troisième de la future coalition. Exiger le poste de Premier ministre et celui de commissaire européen, utiliser ces leviers pour exiger des acquis dans la négociation gouvernementale… c’est non seulement gonflé, mais cela fait perdre beaucoup de temps à l’Europe et beaucoup de crédibilité à la Belgique.
Car même s’il se dit que Jean-Claude Juncker saura se montrer reconnaissant à l’égard de Didier Reynders, dont le groupe libéral au Parlement européen a appuyé sa nomination, le prochain commissaire risque de se retrouver avec des cacahuètes…
Il faudra un jour que le CD&V place ses ambitions au niveau de son influence réelle et surtout place l’intérêt général avant ses intérêts particuliers.