Reynders reste en pole pour la Commission
Le CD&V veut tout: le poste de Premier ministre pour Kris Peeters et le poste de commissaire européen pour Marianne Thyssen… Cet appétit de pouvoir irrite les partenaires de la "suédoise". En particulier le MR, qui désire soit la Commission, soit le "16".
- Publié le 27-08-2014 à 19h23
- Mis à jour le 27-08-2014 à 19h52
Malgré la tentative du CD&V, le MR ne compte pas lâcher le poste de commissaire.Le CD&V veut tout : le poste de Premier ministre pour Kris Peeters et le poste de commissaire européen pour Marianne Thyssen… Cet appétit de pouvoir irrite les partenaires de la "suédoise", en particulier au MR. Pour rappel, la ligne de conduite des libéraux francophones exige une alternance linguistique entre ces deux super-postes. Si c’est un Flamand qui rejoint l’équipe Juncker, ce sera un francophone (et donc un MR…) qui investira le 16, rue de la Loi.
De la tension ? En effet. La volonté de monter à la Commission affichée par Marianne Thyssen dans la presse mardi a heurté les autres négociateurs. Furieux, le président du MR et coformateur Charles Michel a fait passer le message chez les sociaux-chrétiens flamands : ce genre de sortie médiatique en pleines négociations est inacceptable et le MR réclamera le "16" si le CD&V tient absolument à placer Marianne Thyssen à l’Europe.
Non, le scénario no 1 est bien le suivant : Kris Peeters devient le Premier ministre de la majorité MR/N-VA/CD&V/Open-VLD et Didier Reynders va à la Commission, comme "La Libre" le révélait en juillet. Pourquoi ? La logique est implacable : d’abord, on imagine mal le CD&V sacrifier Kris Peeters pour les beaux yeux de l’eurodéputée Thyssen… Le mâle dominant du CD&V se retrouverait tout nu politiquement : pas de ministre-Présidence flamande (le poste a été pris par la N-VA) et pas de "16" non plus. Difficile à imaginer. D’autant plus qu’un des appâts jetés au CD&V pour le convaincre de négocier un gouvernement de centre droit consistait, justement, à lui donner le "16".
D’ailleurs, le MR, stratégiquement, n’a pas envie de s’emparer du portefeuille miné occupé actuellement par Elio Di Rupo. Pour un parti, obtenir le poste de Premier ministre est aussi un boulet politique : il faut faire des concessions en permanence, marcher sur les œufs communautaires pour garder le gouvernement sur rails, etc. Le MR étant le seul parti francophone de la "suédoise", sa position sera déjà suffisamment compliquée (une coalition avec la N-VA…) pour, en outre, se lier les mains en prenant le "16".
Plan B : Michel au "16"
Bon, on craque : un peu de politique-fiction… Et si un MR devenait quand même Premier ministre après diverses péripéties "suédoises" ? Dans ce cas, c’est Charles Michel et non Didier Reynders qui prendra le mandat politique belge le plus prestigieux. Pourquoi ? Charles Michel est tout d’abord président du parti. A ce titre, c’est à lui de décider qui chez les libéraux va à quel poste. Et il semble hors de question qu’il passe alors à côté d’une telle opportunité historique pour le MR et pour lui-même. Et puis, le MR n’est pas le PS. Le parti n’est pas structuré avec autant de hiérarchie chez les libéraux. Qui serait le vrai patron des réformateurs avec un Reynders Premier ministre tandis que Charles Michel se contenterait de rester à la Toison d’Or ? Poser la question, c’est y répondre.
Finances ou Budget pour le MR
Sinon, la répartition des portefeuilles ministériels entre les partis "suédois" n’est pas encore réglée dans les détails. Seuls le "16" et le poste belge à la Commission européenne font l’objet de négociations actuellement. Par contre, le MR devrait exiger (pour Olivier Chastel) soit le ministère des Finances soit le Budget. En effet, les libéraux, seuls francophones du gouvernement, veulent un de ces deux portefeuilles transversaux qui verrouilleront les comptes de la "suédoise" et leurs assureraient donc un réel pouvoir. En recettes pour les Finances et pour les dépenses en ce qui concerne le Budget.