Un SDF retrouve une maison
David a passé deux ans dans la rue. Un nouveau départ s’offre aujourd’hui à lui.
- Publié le 29-07-2014 à 07h44
- Mis à jour le 29-07-2014 à 07h45
David a passé deux ans dans la rue. Un nouveau départ s’offre aujourd’hui à lui. Il ne s’en cache pas. Quand David (NDLR : prénom d’emprunt) s’est retrouvé tout seul dans son appartement pour la première fois, il n’a pas pu empêcher quelques larmes de couler. "Que d’émotions !", explique-t-il. C’est qu’il y a encore quelques jours, cet homme de 46 ans vivait à la rue. Depuis plus de deux ans, il alternait Samusocial en hiver et parcs, le reste de l’année pour passer ses nuits.
L’histoire de David est de celles qui attirent l’attention. C’est Michel Dupont, un citoyen impliqué dans l’aide aux sans-abri, qui vient de lui trouver un poste de technicien mais aussi un appartement pour six mois. "Il est de ceux qui veulent s’en sortir, mais que le système n’aide pas réellement. Il mérite cette seconde chance. À lui de la saisir désormais", explique Michel, 45 ans.
C’est le 23 mai 2012 que ce francophone non européen débarque à Bruxelles. Les raisons qui l’ont poussé à venir en Belgique, cet homme de 43 ans ne les expliquera pas. "J’avais un peu d’argent, assez pour tenir trois semaines à l’hôtel. Je voulais faire le point, faire un break et oublier la panade dans laquelle j’étais." Seulement voilà, après trois semaines, sans permis de séjour, l’homme se retrouve à la rue. David est alors confronté à un problème insoluble : il n’a pas d’adresse. O r sans adresse, il n’est enregistré nulle part et ne peut trouver de travail.
À la gare du Midi, un sans-abri lui file les coordonnées du Samusocial. Il y passera ses nuits lors des deux hivers suivants : une fois rue du Trône et une fois au Botanique. Deux séjours dont il dira que "ce n’est pas sa tasse de thé". Il y attrape la gale, explique-t-il, tandis que les douches froides et les problèmes d’hygiène sont également lourds à supporter.
Contrairement aux idées reçues, ne pas avoir de toit ne signifie pas qu’on ne travaille pas. David a gagné son pain toute sa vie. Même à la rue, l’homme a continué à travailler. "J’ai demandé 20 € à prêter à un ami pour acheter des produits de nettoyage et des éponges, puis j’ai proposé aux magasins et restaurants de laver leurs vitres."
Son initiative est bien accueillie par les commerçants. Après une semaine, David remboursera l’argent prêté, puis s’achètera du meilleur matériel. Il se constituera alors une quarantaine de clients réguliers. "Cela faisait une trentaine d’euros pour des journées de 11 h à 15 h. Assez pour manger, acheter des sous-vêtements ou encore aller prendre ma douche à la piscine du Jeu de Balle", sourit-il.
Assez aussi pour s’acheter une tente et l’équiper d’un lecteur DVD, d’une télévision ou encore de plaques électriques. Cette tente, il l’installera sous un pont à côté d’un parc.
David n’a jamais perdu son objectif de vue : sortir de la rue. Une opportunité que lui donne Michel. "Je ne pourrai jamais assez le remercier. J’ai vraiment eu de la chance…"