Gaza: la maison d'un leader du Hamas visée par les bombardements israéliens

La nuit a une nouvelle fois été mortelle dans la bande de Gaza, tuant tout espoir de trève à l'occasion de la fin du Ramadan.

AFP
Gaza: la maison d'un leader du Hamas visée par les bombardements israéliens
©AP

Le conflit entre Israël et le Hamas a connu une dramatique escalade lundi après la mort d'enfants palestiniens et des attaques meurtrières contre l'armée israélienne, suivies d'incessants bombardements à Gaza, y compris sur la maison vide d'Ismaël Haniyeh, tuant tout espoir de trêve à l'occasion de la fin du ramadan.

"Au nom de l'humanité, la violence doit s'arrêter", a exhorté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, tandis que les principaux dirigeants occidentaux, dont Barack Obama, ont affirmé leur volonté "d'augmenter" la "pression" pour parvenir à un cessez-le-feu.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis de son côté lundi "une longue campagne" contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, dont Israël entend annihiler la puissance de feu.

Et dans les faits, les bombardements et les tirs d'artillerie israéliens se succédaient mardi matin sur l'ensemble de la bande de Gaza, faisant 17 morts, dont au moins 4 enfants depuis minuit(21h00 GMT).

L'aviation israélienne a notamment bombardé la maison d'Ismaïl Haniyeh, le dirigeant du Hamas à Gaza, qui se trouve dans le camp de réfugiés de Chati (nord-ouest de Gaza), a affirmé mardi son fils ajoutant qu'il n'y avait pas eu de blessés dans l'attaque.

Dans ce camp de réfugiés, huit enfants et deux adultes sont morts lundi, Israël et le Hamas se renvoyant la responsabilité de cet énième drame sanglant d'une guerre déclenchée le 8 juillet et qui a déjà fait plus de 1.100 morts côté palestinien.

Selon des témoins, des chasseurs F-16 israéliens ont lancé 5 missiles sur un groupe d'enfants. L'armée israélienne, elle, affirme qu'il s'agit de tirs de roquettes ratés par le camp adverse.

Huit roquettes ont été tirées mardi matin sur Israël, dont deux qui se sont écrasées près de Rishon LeZion, à 10 km au sud de Tel-Aviv, des tirs revendiquées par la branche armée du Hamas.

Mais Israël a aussi enregistré de lourdes pertes. Quatre de ses soldats à bord de chars ont été tués par un tir de mortier le long de la frontière avec l'enclave palestinienne, selon l'armée. Les médias israéliens avaient d'abord fait état de victimes civiles. Cette attaque a été revendiquée par le Hamas. Un cinquième militaire est tombé au combat dans le sud de la bande de Gaza.

L'armée israélienne a encore annoncé avoir tué un membre d'un commando palestinien qui s'était infiltré près du kibboutz de Nahal Oz (sud), proche de la frontière. Le Hamas a aussi assumé la responsabilité d'une opération dans la région, disant avoir tué "plus de 10 soldats", ce que l'armée n'a pas commenté.

L'accalmie qu'ont connue dimanche et dans la nuit les Gazaouis aura été très éphémère. Elle n'avait d'ailleurs pas éteint leur hantise des bombardements, à en juger par le calme inhabituel des rues de Gaza quelques heures avant la célébration de la fête du Fitr marquant la fin du ramadan, qui s'annonce sinistre pour les 1,8 million d'habitants.

"C'est l'Aïd du sang", a résumé Abir Chamali en caressant la terre fraîche qui recouvre le corps de son fils de 16 ans tué jeudi près de la ville de Gaza.

"L'occupant (israélien) refuse toujours tout cessez-le-feu humanitaire pour l'Aïd. Il s'agit d'une rebuffade aux croyances des musulmans et à leur culte", a accusé le porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abou Zouhri.

En trois semaines, selon les secours locaux, l'offensive israélienne a fait quelque 1.104 morts palestiniens -- pour plus des trois-quarts des civils selon l'ONU -- et quelque 6.200 blessés dans la bande de Gaza, où les destructions sont considérables. Côté israélien, 48 soldats et trois civils ont été tués.

A New York, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, réunis en urgence, avaient exprimé avant la reprise massive des hostilités, leur "fort soutien à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans conditions" réclamé par Barack Obama.

Cette déclaration unanime a été fraîchement accueillie. Le représentant palestinien à l'ONU Ryad Mansour a regretté que le Conseil n'ait pas appelé à la levée du blocus imposé depuis 2006 à Gaza, tandis qu'Israël jugeait qu'il n'avait pas pris en compte les impératifs de sécurité d'Israël.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui semble essayer de reprendre la main sur les négociations en vue d'un cessez-le-feu, après un passage dimanche par l'Arabie saoudite, devrait se rendre "très bientôt" au Caire à la tête d'une délégation de son mouvement le Fatah, du Hamas et du Jihad islamique, pour discuter d'un arrêt des combats.

Même si une très hypothétique trêve devait être finalement arrachée, sur le fond, les désaccords resteraient profonds sur les termes d'un accord durable.

Appuyé sur le fort soutien de son opinion publique, Israël entend finir de neutraliser les souterrains creusés à Gaza pour dissimuler des armes et lancer des attaques en territoire israélien.

Et le secrétaire d'Etat John Kerry a répété dimanche que toute résolution du conflit "durable et significative, doit mener au désarmement du Hamas", qui contrôle la bande de Gaza. La déclaration vient au lendemain de l'appel comminatoire à une trêve de Barack Obama.

De son côté, le Hamas exige un retrait israélien de Gaza et une levée du blocus de l'enclave dont il a pris le contrôle en 2007, deux ans après que l'armée israélienne s'en était unilatéralement retiré.

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