Trêve prolongée à Gaza: plus de 100 corps extraits des décombres

Israël et le Hamas ont donné leur accord à un cessez-le-feu de douze heures samedi dans la bande de Gaza, le secrétaire d'Etat américain John Kerry ayant échoué à arracher une trêve plus durable entre les belligérants.

AFP

Plus d'une centaine de corps ont été retirés des décombres samedi à Gaza à la faveur d'un bref cessez-le-feu qu'Israël a accepté de prolonger jusqu'à minuit, alors que le bilan des hostilités entre l'Etat hébreu et le Hamas dépasse le millier de morts.

Au terme d'une réunion à Paris, les chefs de diplomatie des Etats-Unis, du Qatar, de Turquie et de plusieurs pays européens ont demandé une prolongation de la trêve pour "24 heures renouvelables", indiquant chercher "aussi rapidement que possible un cessez-le-feu durable" qui réponde aux besoins "légitimes" des Israéliens et des Palestiniens.

Selon la télévision israélienne, le cabinet de sécurité, réuni samedi soir, a accepté de prolonger la trêve de quatre heures, jusqu'à 21H00 GMT.

Cette guerre, en plein mois de ramadan, est la plus meurtrière à Gaza depuis 2008-2009. Plus de 1.000 Palestiniens, en grande majorité des civils, ont été tués depuis le début le 8 juillet de l'offensive aérienne, élargie le 17 à un assaut terrestre destiné à anéantir les capacités militaires du Hamas, qui contrôle l'enclave palestinienne.

Quarante soldats israéliens sont tombés au combat, ce qui représente les pertes militaires les plus élevées depuis la guerre de l'été 2006 contre le Hezbollah libanais. Les roquettes ont aussi tué trois civils en Israël.

Avec la fragile pause, partout dans le territoire, des habitants chassés de leur foyer par les hostilités sont retournés dans leur quartier, où ils ont découvert des scènes de désolation: des maisons défoncées, éventrées, effondrées, des dépouilles noircies au milieu des ruines et des traces de sang mêlées aux empreintes des chars israéliens.

Depuis l'arrêt des combats à 08H00 locales (05H00 GMT), les secouristes ont retrouvé plus d'une centaine de corps, selon un dernier bilan du porte-parole des urgences, Achraf al-Qodra.

Dans le secteur de Beit Hanoun, des correspondants de l'AFP ont vu le corps d'un urgentiste du Croissant Rouge dans un hôpital à moitié détruit par le pilonnage israélien.

Le mouvement islamiste Hamas a déconseillé aux habitants déplacés, dont plus de 160.000 ont trouvé refuge dans des locaux de l'ONU -- d'approcher des immeubles bombardés et des zones de combats de crainte d'engins non explosés ou piégés.

"Nous avons peur d'ouvrir une porte et de tomber sur une bombe", a témoigné Khader Soukar, un rescapé de Chajaya, une banlieue particulièrement éprouvée à l'est de l'agglomération de Gaza.

Les quelque 1,8 million de Palestiniens de Gaza, entassés dans la misère sur un minuscule territoire de 362 km2 soumise à un blocus israélien depuis 2006, savent bien qu'ils n'en ont probablement pas fini avec les épreuves.

Les habitants se pressaient ainsi d'acheter vivres et carburant, au milieu du ballet ininterrompu d'ambulances, tandis que le bourdonnement incessant des drones rappelait la menace.

Selon un haut responsable israélien cité par la radio publique, le gouvernement est prêt à accepter "des trêves humanitaires" à condition que l'armée puisse continuer à neutraliser le réseau sophistiqué de tunnels creusés par le Hamas pour lancer des attaques sur son territoire.

La volonté de réduire les pertes dans les rangs de l'armée figure aussi parmi les principales considérations israéliennes.

Pour tenter de mettre fin au bain de sang, une brève "réunion internationale" a eu lieu à Paris à l'invitation du chef de la diplomatie Laurent Fabius, et en présence de l'Américain John Kerry et de leurs homologues de Turquie et du Qatar, deux alliés de Gaza.

"Toute intervention régionale ou internationale qui stoppe l'agression (israélienne) et lève le siège de Gaza est la bienvenue", a déclaré à l'AFP un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum.

Le Hamas répète son exigence d'une levée du blocus israélien dans le cadre de tout accord depuis son rejet d'une proposition de trêve égyptienne.

Mais, outre des appels à prolonger la trêve, la rencontre de Paris n'a débouché sur aucune annonce concrète.

Le ministre britannique des Affaires étrangères a cependant évoqué sur la chaîne SkyNews "une nécessité humanitaire absolue" de prolonger la trêve, "pour 12 heures, ou 24 heures, ou 48 heures, et ainsi de suite".

Témoignant de la tâche ardue des médiateurs internationaux, le cabinet de sécurité israélien avait rejeté vendredi une proposition transmise par M. Kerry pour un cessez-le-feu de sept jours qui permettrait d'engager des négociations indirectes.

Selon les radios israéliennes, l'Etat hébreu a jugé les termes de l'offre trop favorables au Hamas, considéré comme une organisation "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Et le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a appelé ses soldats à se tenir prêts à "un élargissement significatif des opérations terrestres".

Le Hamas, quant à lui, répète son exigence d'une levée du blocus israélien dans le cadre de tout accord depuis son rejet le 15 d'une proposition de trêve égyptienne.

Ce conflit, le quatrième depuis le retrait unilatéral israélien de Gaza en 2005, menace de s'étendre à la Cisjordanie où les heurts entre manifestants dénonçant l'offensive à Gaza et les forces israéliennes ont coûté la vie à huit Palestiniens ces dernières 24 heures.


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