Le montant de la dette belge sensiblement revu à la hausse

La dette belge se trouve au-delà du seuil des 100% du PIB selon des chiffres actualisés de l'Institut des comptes nationaux (ICN).

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Le montant de la dette belge sensiblement revu à la hausse
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L'Institut des comptes nationaux (ICN) a sensiblement revu à la hausse jeudi le niveau d'endettement de la Belgique à la fin de l'année 2013, le plaçant à 101,5% du PIB, en hausse de 0,4 points par rapport à l'année précédente, bien au-delà donc du seuil de 100% que la Belgique s'était engagée auprès de l'UE à ne pas dépasser. Cette révision à la hausse de la dette publique par l'institut intervient après une série de remarques et questions précises adressées en janvier et février derniers par l'office statistique de l'Union européenne, Eurostat.

Celui-ci avait demandé avec insistance à y voir plus clair dans les comptes belges, notamment dans les différents véhicules de financement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Région wallonne suite à la polémique sur le périmètre exact de la dette wallonne.

A bonne source, on précisait jeudi que cette révision à la hausse était en grande partie due à une meilleure prise en compte de l'endettement réel wallon, même si quelques ajustements plus mineurs ont également été faits au niveau de la Flandre ou du fédéral, notamment au sein de l'Apetra, l'agence qui gère les stocks stratégiques de pétrole de la Belgique.

Pour mémoire, la Cour des Comptes avait considérablement revu en décembre dernier l'endettement wallon à la hausse, à 11,2 milliards d'euros, bien au-delà des 6,2 milliards défendus jusque là par le ministre wallon du Budget, André Antoine (cdH).

Pour ce faire, l'institution y avait intégré une série de financements alternatifs et autres opérations hors bilan maintenus en dehors du périmètre de la dette par le gouvernement wallon. Mécontent, celui-ci avait alors dénoncé le "revirement à 180 degrés" opéré, selon lui, par la Cour.

La polémique sur la "dette cachée" wallonne était remontée jusqu'à la Chambre, où le ministre des Finances Koen Geens assurait le 16 janvier dernier que les nouveaux calculs de la Cour des Comptes sur la dette wallonne n'auraient pas "le moindre impact" sur le ratio d'endettement de la Belgique.

Attendue initialement pour le mois de mars, la publication de ces chiffres actualisés avait dû être reportée d'un mois en raison d'un travail de collecte de données particulièrement important.

Il en ressort jeudi que l'endettement de la Belgique est passé de 380,157 milliards d'euros (soit 101,1% du PIB) fin 2012 à 387,159 milliards d'euros (101,5%) fin 2013.

Prudent, l'ICN se garde bien jeudi de livrer la répartition de cette dette entre les différentes entités du pays.

Les dernières estimations de la Commission européenne réalisées en février dernier estimaient encore la dette publique belge fin 2013 à 99,8% de son PIB, tout juste sous le seuil symbolique des 100% que la Belgique s'était engagée à respecter pour gage de sa crédibilité budgétaire.

Cette révision à la hausse, qui intervient à un mois du scrutin, constitue une mauvaise nouvelle pour les autorités et le gouvernement qui sortira des urnes le 25 mai prochain alors que le débat sur la trajectoire budgétaire à l'horizon 2017 vient d'être lancé.

Dans un communiqué de presse diffusé jeudi soir, le ministre des Finances Koen Geens se bornait à attribuer ce relèvement du taux d'endettement belge à "l'interprétation plus stricte par Eurostat du périmètre des autorités qui fait que les dettes de certains organismes qui n'y étaient pas intégrées jusqu'à présent le sont maintenant".

Même en hausse, le taux d'endettement fin 2013 est bien meilleur que ce qu'il n'aurait été "sans la politique active de la dette menée l'année dernière", fait encore valoir M. Geens.

Celui-ci souligne enfin que les chiffres livrés jeudi par l'ICN sont encore "provisoires", les définitifs n'étant attendus qu'en septembre prochain seulement après une série d'examens à mener encore, notamment concernant l'intégration ou non de l'Apetra dans le périmètre de la dette du pays.

Le gouvernement trouvera toutefois une petite consolation dans le rapport de l'ICN. Celui-ci confirme que, en matière de déficit, la Belgique est bien parvenue à respecter son engagement européen en limitant celui-ci à 2,6% du PIB en 2013, sous l'objectif de 2,7% fixé par l'UE, ce qui lui avait permis d'éviter l'imposition d'une amende salée dans le cadre de la procédure en déficit excessif ouverte contre elle.

Début 2013, la Commission européenne avait accepté de donner un peu de mou à la Belgique en matière de déficit, à condition toutefois de maintenir sa dette sous la barre des 100% du PIB. Pour y parvenir, l'Etat belge avait cédé fin de l'année dernière les parts qu'il détenait jusque là dans BNP Paribas Fortis pour 3,25 milliards d'euros.

Le gouvernement wallon "prend acte" et se veut rassurant

Le gouvernement wallon, par la voix de son ministre du Budget, André Antoine, a dit jeudi "prendre acte" du dernier rapport de l'Institut des comptes nationaux (ICN) sur l'endettement de la Belgique. Pour le ministre centriste, cette évolution est liée à une série d'adaptations statistiques demandées par l'office statistique de l'UE, Eurostat, mais "la réalité économique et financière ne change pas". "Comme nous pouvons le constater, son interprétation évolue", note-t-il.

"Du côté wallon, l'ICN intègre aujourd'hui plusieurs organismes dont ceux via lesquels la Wallonie subventionne historiquement les investissements réalisés par des tiers, en particuliers les pouvoirs locaux. Ce qui hier était considéré comme une politique de subventions à l'investissement est aujourd'hui pris comme une dette de la Région", analyse M. Antoine.

Il assure que les emprunts dorénavant intégrés au périmètre de la dette wallonne ne servent pas à couvrir des frais de fonctionnement, mais bien à "financer des investissements productifs, des actifs dont pourront bénéficier les générations futures".

M. Antoine tient également à rassurer les Wallons sur les conséquences budgétaires des chiffres publiés jeudi. "Aucune charge complémentaire ne sera demandée aux citoyens suite à cette nouvelle méthodologie statistique. Le Gouvernement constate en effet qu'aucun chiffre nouveau n'apparaît dans l'analyse réalisée: tout est déjà connu et assumé budgétairement et financièrement", précise-t-il.


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