"La canonisation des papes est principalement une affaire politique"
La canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II, le 27 avril prochain, est "principalement une affaire politique", a expliqué le père Marc Lindeijer lors d'un entretien avec la radio catholique néerlandaise.
- Publié le 17-04-2014 à 16h07
La canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II, le 27 avril prochain, est "principalement une affaire politique", a expliqué le père Marc Lindeijer lors d'un entretien avec la radio catholique néerlandaise. Le père néerlandais Marc Lindeijer, 48 ans, travaille comme historien au quartier général des jésuites à Rome.
"Il y a deux sortes de saints", précise-t-il. "Les martyrs, qui ont donné leur vie pour leur croyance, et les confesseurs, soit des personnes ayant appliqué sa vertu de manière héroïque sans pour autant en être décédé."
Mais la mort ne suffit pas. Après celle-ci, l'individu doit déjà être vénéré comme un saint par les croyants, poursuit l'historien. Jean XXIII illustre bien ce critère: "même 50 ans après sa mort, le banc qui se trouve à côté de sa tombe à Rome est constamment occupé".
L'expert est plus prudent en ce qui concerne Jean-Paul II. "Les cartes à son effigie ont déjà disparu des rayons. Or, le commerce est le meilleur baromètre de la sainteté potentielle. Selon moi, il vaut mieux attendre 50 ans après le décès d'un pape et évaluer ce qu'il en reste dans la mémoire collective."
La canonisation commune du 27 avril est avant tout politique, selon M. Lindeijer. "Jean XXIII et Jean-Paul II sont pour de multiples raisons très populaires parmi certains groupes. Les canoniser en même temps est un acte politique par lequel le pape François - à l'instar de son prédécesseur Benoit XVI - veut insister sur la continuité de l'histoire récente au sein de l'Eglise."
L'historien estime que la canonisation des papes ne doit pas devenir automatique et rester une exception. "Je crains cependant que nous ne soyons entrés dans une dynamique qui veut que chaque pape canonisera son prédécesseur."