Proche-Orient: réplique proportionnelle?
- Publié le 04-12-2001 à 19h00
- Mis à jour le 04-12-2001 à 00h00
Une violence jamais vue depuis la création de l'Autorité palestinienne
JÉRUSALEM Israël a lancé ses hélicoptères et F-16 mardi dans des raids d'une ampleur sans précédent depuis 1994 dans les territoires palestiniens qui ont fait au moins deux morts et plus d'une centaine de blessés dont 60 écoliers, resserrant considérablement l'étau sur Yasser Arafat.
Ces raids, qui sont une riposte israélienne après les attentats sanglants du week-end, ont commencé lundi et repris mardi dans plusieurs localités de la bande de Gaza et en Cisjordanie, une opération militaire sans équivalent depuis la création de l'Autorité palestinienne en 1994.
Le président palestinien a accusé le Premier ministre israélien Ariel Sharon de conduire ces raids pour saboter la campagne qu'il a affirmé avoir lancé contre les extrémistes palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, dans le but d'empêcher une reprise du processus de paix.
`Il ne veut pas que je réussisse´, a-t-il dit dans une première déclaration publique depuis le début lundi des raids israéliens. Il s'exprimait dans une interview à la chaîne CNN réalisée en Cisjordanie, peu après le raid d'un hélicoptère israélien contre un poste de police à proximité immédiate de ses bureaux.
Tandis qu'il parlait, des chars israéliens étaient encore postés à quelque 500 mètres seulement de ses bureaux, selon des responsables palestiniens.
L'un des principaux négociateurs palestiniens Saëb Erakat a qualifié les raids de `crime de guerre´.
Le Premier ministre Tony Blair et le président George W. Bush ont `exprimé leur sympathie au gouvernement israélien´, invitant néanmoins `toutes les parties à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour stabiliser la situation´.
Des symboles visés
Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell, au moment où Israël intensifiait ses raids, a demandé à M. Arafat de faire `beaucoup plus´ pour juguler la nouvelle flambée de violence.
Des hélicoptères et des chasseurs F-16 israéliens ont tiré des missiles sur des quartiers généraux de la police et de la sécurité palestiniennes dans plusieurs localités de Cisjordanie et à Gaza.
Deux Palestiniens, un écolier et un officier, ont été tués dans des raids de F-16 israéliens sur le quartier général de la Sécurité préventive à Gaza, et plus de 120 blessés, dont une soixantaine d'écoliers touchés par des éclats.
Leur décès portent à 1.049 le nombre de tués depuis le début de l'Intifada le 28 septembre 2000, dont 804 Palestiniens et 223 Israéliens.
Un membre du Fatah, le mouvement de M. Arafat, blessé dans une explosion lundi soir dans un bâtiment de Bethléem attribuée à Israël, est décédé mardi, selon une source hospitalière. L'armée israélienne a cependant catégoriquement démenti tout rôle dans cette explosion.
Des chasseurs F-16 israéliens ont aussi bombardé une base de la Force 17, considérée comme la garde prétorienne de M. Arafat dans le nord de Gaza et des hélicoptères ont attaqué un bâtiment des forces de sécurité à Khan Younès, dans le sud du territoire. Ils ont aussi bombardé des cibles à Tulkarem et à Salfit en Cisjordanie.
Au cours d'une réunion extraordinaire lundi soir, le gouvernement de M. Sharon a décidé d'intensifier les opérations militaires contre l'Autorité palestinienne et de la traiter désormais comme un `entité soutenant le terrorisme´.
Aider Arafat
BRUXELLES Les pays arabes ont envoyé un message aux Etats-Unis pour leur demander `de préserver le rôle politique de Yasser Arafat´. Affaibli par la recrudescence des attentats islamistes et les répliques israéliennes, Arafat apparaît pourtant aujourd'hui comme un acteur déterminant pour la paix dans la région. Ou plutôt, c'est l'absence d'Arafat qui effraie le monde arabe qui sait que le vieux leader parti, le clan palestinien exploserait en différentes composantes plus incontrôlables encore qu'aujourd'hui et plus friables face à la détermination israélienne.
Ce n'est donc pas tant l'homme Arafat qui compte que ce qu'il représente. `Après lui le chaos´ semblent dire en choeur ceux qui ont lancé cet appel à la Maison-Blanche, contrainte de replonger dans ce casse-tête israélo-palestinien.
H. Le.