Susse: un grand enquêteur se met à table

Gilbert Dupont
Susse: un grand enquêteur se met à table
©Bernard Demoulin

Retraité avant l'heure, le divisionnaire Susse Monsieur vide son sac

BRUXELLES

Départ anticipé à la retraite pour l'ancien patron de la Crime de la police judiciaire de Bruxelles. C'est quatre ans plus tôt que prévu pour le très médiatique François Monsieur, appelé Susse Monsieur (affaire Pandy, etc.). Il n'est d'ailleurs pas le seul grand format de la police belge à claquer la porte. Rien n'a été fait pour retenir ce divisionnaire qui, ces derniers mois, ne traitait plus qu'un dossier vieux de 18 ans. Voie de garage ou placard doré, chacun jugera.

A 56 ans, Susse Monsieur critique vertement la réorganisation en cours des services de police.

`C'est triste, dit-il, quand je pense à tous ces collègues qui adorent leur job. Cette réforme menée en dépit du bon sens démotive tout le monde. Ça devient de l'administration, du papier. Vous arrivez le matin, c'est pour travailler 7 h 36 et pas une seconde de plus. Vous êtes tenus tous les jours de remplir une fiche reprenant vos moindres faits et gestes, etc. Le malheur, c'est que trop de gens ont voulu s'occuper de la police et ont pris des décisions sans savoir, en théoriciens. Prenez la PJ de Bruxelles: trop de gens commandent et trop peu font du judiciaire sur le terrain. Il est encore trop tôt pour que le public s'en rende vraiment compte mais les effets de la réforme sont désastreux: vous verrez dans deux ans! Sans parler de ce que tout ça coûte´

Juges d'instruction l'un d'eux, et pas des moindres, confie hier:

`Ça fonctionnera sûrement très bien dans plusieurs années mais en attendant, c'est la cata´

et magistrats du parquet, combien ne partagent pas tout bas les craintes du commissaire plus réputé pour son franc-parler que pour ses ronds-de-jambe et son sens diplomate.

`Pour les meurtres à Bruxelles´

, dit Susse Monsieur,

`nous rêvions d'un système de garde efficace 24 h sur 24: jour et nuit, des policiers de la Crime arrivaient en une demi-heure maximum sur un décès suspect. Avec la réforme, le projet est tombé à l'eau. Avec le risque réel, dit le jeune retraité , que des décès suspects soient classés à tort en suicide

ou en accident

, que de vrais meurtres ne soient jamais détectés à temps´.

Fort de quinze ans de criminelle, Susse Monsieur ose le dire:

`Je suis sûr que parmi les décès classés en suicides ou en accidents peuvent se cacher déjà des meurtres et des assassinats. Le seul moyen de faire autrement demande des moyens et du personnel´


Le divisionnaire Susse Monsieur

• DATE, LIEU DE NAISSANCE: Le 9 octobre 1945, Alost.
ÉTAT CIVIL: Marié – à Arlette, un vrai cordon-bleu! Pas d’enfant.

GRADE: Commissaire divisionnaire. Trente-trois ans de police judiciaire à Bruxelles. Quinze ans de section criminelle… qu’il a dirigée.

SURNOMS: Rares le connaissaient sous son vrai prénom: François. Son premier patron, le commissaire Tacq, lui avait trouvé ce diminutif brusselleer: Susse. Parfois appelé aussi le Sanglier des Flandres. "Et c’est vrai", reconnaît-il (enfin!), "que j’avais parfois un caractère de cochon."

LA POLICE, UNE VOCATION? "Je suis entré à la PJ par hasard…” Explication: en 1968, le jeune Monsieur est MP place Dailly, à Schaerbeek, quand deux flics excités comme tout forcent le corps de garde: ils cherchent un téléphone! "L’un des flics était Jean-Pierre Eischen qu’on surnommait Little Tisch." L’autre s’appelle toujours Frans Reyniers…

PASSIONS: La marche, le ski et les voyages (il adore le Tyrol autrichien). "Pendant 33 ans, dit-il, mon hobby c’était mon travail. Et l’inverse. A présent que j’ai du temps devant moi, je me promets de marcher encore plus, de voyager encore plus et de me mettre à l’informatique…"

Gil.

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