Réconciliation afghane
- Publié le 30-11-2001 à 07h00
Les vainqueurs des taliban semblent proches d’un accord
KABOUL La conférence inter-afghane de Bonn a enregistré jeudi de nets progrès et l’espoir d’"un accord complet" a émergé tandis qu’en Afghanistan, l’armée américaine montait en puissance aux trousses de Ben Laden.
Sur le terrain, l’armée américaine poursuit son déploiement et des soldats américains ont commencé jeudi matin à déminer et réparer l’aéroport civil de Mazar-i-Sharif (Nord).
Alors que les derniers vestiges du régime taliban semblent sur le point de céder, les factions afghanes réunies à Bonn sous la pression de l’Onu et de la communauté internationale, ont progressé sur le volet politique de leurs discussions.
Un responsable de l’Alliance du Nord, Mehrabuddin Mastan, a indiqué que son mouvement et la délégation royaliste étaient tombées d’accord sur la constitution d’un Conseil suprême intérimaire, sorte de parlement provisoire qui comprendrait entre 50 et 60 représentants du roi et de l’Alliance, et entre 10 et 20 représentants des deux autres groupes afghans, celui du Processus de Chypre (considéré comme proche de l’Iran) et celui de Peshawar (soutenu par le Pakistan).
La composition de ce Conseil pourrait être finalisée dans les prochaines heures.
Cette assemblée traditionnelle afghane déciderait d’un nouveau gouvernement et parlement ayant pour tâche d’élaborer une Constitution et d’organiser des élections démocratiques dans un délai de deux ans.
Quant à l’autre question à l’ordre du jour, à savoir le déploiement d’une force multinationale de sécurité en Afghanistan, l’Onu s’est montrée prête jeudi à la renvoyer à une réunion ultérieure.
L’Onu se contenterait d’un accord sur la transition politique quitte à renvoyer à une réunion ultérieure un accord sur la sécurité, a ajouté M. Fawzi.
Cette force de sécurité est réclamée par la communauté internationale en échange d’une aide de plusieurs milliards de dollars.
L’Alliance du nord qui s’était déclarée opposée à cette force a de nouveau infléchi sa position. "Notre intention n’est pas de nous opposer au déploiement de troupes étrangères", a assuré le chef de la délégation, Younis Qanouni, souhaitant qu’une telle force soit composée de troupes provenant de "pays islamiques".
Sur le terrain, l’Alliance du nord a annoncé que ses forces s’approchaient de Kandahar, dernier fief des talibans.
"Il y a des combats près de la ville", a déclaré un commandant de l’Alliance du Nord, qui a précisé que ses soldats agissaient avec l’aide de soldats américains et de combattants de tribus locales.
"Kandahar échappera au contrôle des talibans, d’ici à une semaine, peut-être avant cela", a-t-il ajouté.
La ville a été violemment bombardée mercredi et jeudi par les Américains, selon l’agence Afghan Islamic Press, basée à Islamabad, citant un témoin interrogé à Chaman (frontière pakistanaise) et revenant de Kandahar.
Selon lui, ces pilonnages auraient faisant 15 morts dans les villages de Wandos, Qazi Karig et Mullah Abdullah, proches de l’aéroport de Kandahar.
Plusieurs milliers de réfugiés afghans rapatriés de force
KABOUL Plusieurs milliers de réfugiés afghans d’Iran et du Pakistan ont été rapatriés dans leur pays contre leur gré ces derniers jours, a indiqué vendredi à Kaboul un porte-parole de l’ONU, Yussuf Hassan.
Selon ce porte-parole, le nombre des réfugiés rentrant en Afghanistan s’est "considérablement accru à partir du jour où l’Alliance du Nord a conquis Herat" (ouest).
"Mais depuis, nous avons reçu des informations selon lesquelles un nombre important de gens qui ont franchi la frontière irano-afghane ne rentraient pas de façon spontanée, mais avait été poussés de force vers l’Afghanistan par les autorités iraniennes", a-t-il dit.
"Nous sommes très préoccupés, car c’est une violation majeure de la Convention de Genève sur les droits des réfugiés et la protection des réfugiés que de renvoyer les gens dans un pays (l’Afghanistan) d’où ils ont fui car ils craignaient la persécution et la violence", a encore dit le porte-parole de l’ONU lors d’une conférence de presse.
Le porte-parole a indiqué qu’il y avait également eu "trois cents réfugiés afghans qui ont été renvoyés de façon non spontanée en Afghanistan depuis la Province de la frontière du nord-ouest", sur les deux mille qui sont rentrés en Afghanistan depuis le Pakistan entre le 23 et le 29 novembre.
45.000 réfugiés environ sont rentrés en Afghanistan en venant d’Iran depuis la mi-septembre, a ajouté le porte-parole.